Que partagent ces six communes ? En quoi forment-elles un ensemble territorial cohérent ?
C’est un territoire exceptionnel ! Quand on vient par exemple de Namur, on se rend bien compte, quand on quitte la vallée de la Meuse et qu’on monte sur le plateau condrusien, que tout l’environnement est vraiment cohérent. Cette alternance de crêtes et de vallées, l’alternance entre les cultures et les forêts, le patrimoine bâti avec l’ensemble des châteaux, des potales etc. Ces six communes se ressemblent assez fort, il y a une vraie identité rurale condrusienne typique que ces communes souhaitent justement défendre et maintenir pour les dix prochaines années.
Que doit permettre un parc naturel sur ce territoire ?
Il s'agit vraiment de permettre à ce territoire qui est habité par 45 000 personnes de continuer à se développer, à déployer une activité économique ou de loisirs, tout en préservant ce territoire d'exception tant sur le plan de l'aménagement que sur celui du patrimoine naturel.
Pourriez-vous donner quelques exemples concrets de ce qui pourrait être réalisé dans ce cadre ?
Au niveau du patrimoine naturel, on peut imaginer la création d'un réseau de mares en milieu forestier, la restauration de sites naturels ou encore l'accueil de la biodiversité en milieu agricole. Sur le plan de l'aménagement du territoire, on peut imaginer la définition d'une ligne de conduite pour le développement des projets éoliens. Au niveau agricole, on peut travailler sur la question de l'autonomie des fermes, la valorisation de la filière bois, les circuits-courts alimentaires, la production d'énergie verte mais aussi le développement touristique, donc il y a énormément d'exemples.
C'est donc un projet qui dépasse très largement la seule question de la protection de la Nature; ne craignez-vous pas de créer de la confusion auprès du public ?
C'est vrai que l'appellation prête un peu à confusion mais bon voilà, c'est comme ça, ce n'est pas nous qui l'avons choisi. En tout cas, il ne faut pas voir ça comme si c'était un parc avec une porte d'entrée et une porte de sortie, pas du tout, ce n'est pas une réserve naturelle. C'est un territoire ouvert, on ne parle pas de frontières et de limites, ce sont simplement six communes qui s'associent pour gérer ensemble différents projets de manière durable.
Un parc naturel ne va t-il pas engendrer des contraintes pour les habitants mais aussi pour les agriculteurs dont on sait que les cultures couvrent une grande partie de ce territoire ?
Les cultures occupent en effet 65% de la superficie totale du futur parc naturel, c'est évidemment beaucoup. Mais les choses sont très claires, c'est quelque chose d'officiel: en créant un parc naturel, il n'y a pas de nouvelles contraintes. Pour les agriculteurs, il n'y a aucune obligation de se convertir au bio, par exemple. La seule règle qu'il va falloir instaurer en plus c'est la création d'une charte paysagère. Une telle charte ne concernerait pas directement les particuliers qui voudraient construire une habitation, mais plutôt les grands projets d'aménagements du territoire, il s'agirait vraiment avec cette charte de définir ensemble l'avenir de ce territoire et ce serait donc plutôt une charte d'orientation, pas un règlement urbanistique.
Faut-il nécessairement créer un parc naturel pour atteindre ces objectifs ?
Pour déployer des projets et des actions très concrètes, il faut des moyens. Et, en l'occurrence, les communes rurales n'ont pas forcément accès à des grandes sources de subsides. Elles répondent à leurs besoins de base, mais pour déployer des projets ambitieux, il faut passer par des subsides européens ou régionaux. La création d'un parc naturel permettra vraiment d'aller rechercher ces subsides. On va développer un outil qui va permettre à des communes rurales d'aller chercher des moyens financiers plus importants. Il est clair qu'à l'avenir, les communes rurales auront de plus en plus intérêt à s'unir sur différents enjeux, d'ailleurs la Déclaration de politique régionale (ndlr: DPR, document que vous pouvez retrouver ici) va dans ce sens-là. Il y est question de bassins de vie, de transcommunalité, de supracommunalité et il me parait évident que pour un certain nombre d'enjeux, les communes rurales auront intérêt à unir leurs forces, comme nous allons le faire avec le parc naturel.
Ne risque t-on pas d’ajouter une couche à la "lasagne" institutionnelle ?
C’est toujours le risque, quand on crée de nouvelles structures, de rajouter une couche à cette lasagne. Ici, on essaye vraiment de le faire en bonne gouvernance. Il n’y aura qu’une seule structure simplifiée au niveau "supra communal" qui va déployer un certain nombre d’actions à l’échelle de ce territoire, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux qui sont déjà en place, comme la maison du tourisme ou d’autres acteurs qui joueront pleinement leur rôle.
À quelle étape en est le projet ? Sous quel délai pourrait-il voir le jour ?
Les six communes viennent de créer officiellement l'association de projet, on a organisé une grande séance d'information, s'en est suivie une série de réunions de groupes de travail, plus de 250 citoyens sont déjà impliqués. Ensuite, il y aura une synthèse de l'ensemble des idées de projet, la rédaction d'un dossier de candidature qui devrait être déposé à l'administration régionale en juin prochain. Puis, chaque administration va un peu interroger le projet, la DNF, le SPW Mobilité etc. Enfin, on espère obtenir une reconnaissance du parc naturel de la part du gouvernement wallon pour le début de l'année 2024.
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