Une plus grande imposition des gros patrimoines remporte les faveurs des Belges, selon le Baromètre de la solidarité internationale du CNCD-11.11.11, relayé jeudi par Le Vif. Plus de 72% des répondants au sondage de la coupole de 90 ONG belges se disent ainsi en faveur d’un impôt européen sur les grands patrimoines pour financer le plan de relance de l’UE.
Les sondés flamands y semblent plus favorables (75%) que les francophones (69%).
Pour Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD 11.11.11, invité sur La Première ce matin, les Belges demandent une justice fiscale depuis longtemps. "Ce n’est pas seulement l’impôt sur les grands patrimoines, mais par exemple toutes les idées de taxe européenne pour financer le plan post-covid que ce soit sur les transactions financières internationales, que ce soit sur un impôt minimum sur les profits des sociétés, par exemple, ou sur les déchets plastiques. Par contre, on voit que la taxe européenne sur les services numériques est moins populaire, peut-être parce que tout le monde utilise des services numériques, mais c’est quand même inégal d’une solution à l’autre."
Des mesures fiscales sont indispensables pour le CNCD "pour réduire les inégalités, d’une part, et pour mobiliser des moyens d’autre part." Et pour réduire ces inégalités, il faut investir selon Arnaud Zacharie. "On n’est pas encore sorti de cette crise du coronavirus qui a entraîné les déficits publics et les dettes publiques à des niveaux records. Donc, on a besoin d’investissements massifs pour la transition écologique, pour la transition énergétique."
2/3 pour un impôt corona
Plus de deux tiers des répondants approuvent l’idée d’un impôt corona sur les patrimoines de plus d’un million d’euros. Pour financer le plan Next Generation, les Belges plébiscitent également un impôt minimal sur les profits des sociétés (68%), une taxe sur le kérosène et les billets d’avion (53%), une taxe sur le plastique (53%) et une taxe sur les transactions financières internationales (52%). Taxer les services numériques est moins populaire (41%) alors qu’il s’agit d’une priorité de la Commission européenne.
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les Belges approuvent la plupart des mesures proposées dans le Green Deal même si le remplacement des moteurs thermiques par des électriques fait un flop, avec seulement 39% d’avis favorables. L’idée séduit moins les Wallons (25%) que les Flamands (44%).
La question migratoire divise toujours
Le baromètre a également sondé les Belges sur la question migratoire. Un quart des sondés (27%) n’hésiterait pas à renvoyer un demandeur d’asile dans un pays où sa vie et sa liberté sont menacées. Un tiers est favorable à une régularisation des sans-papiers et à l’octroi d’un permis de travail, 41% sont contre. Nord et Sud ne s’accordent pas sur ce point, avec près de la moitié des Flamands contre la régularisation mais 42% des Wallons en sa faveur.
"Ça s’explique par toute une série de craintes à la fois économiques et sociales, la peur que l’immigré vienne piquer le boulot, explique Arnaud Zacharie. La peur de l’étranger, la perte de ses repères culturels. Il y a tout un discours de droite populiste ou d’extrême droite qui monte en puissance depuis plusieurs années et ça touche une partie de la population. Mais ce n’est qu’une minorité, heureusement. Un Belge sur quatre, donc ça veut dire quand même (inaudible) qu’il refuse"
Un millier de Belges ont été interrogés pour ce baromètre.