Ne pas parler à la place des autres, mais avec les autres
Depuis 10 ans, Mathieu Pernot travaille sur la question migratoire et la présence des demandeurs d'asile sur le continent européen. Le photographe travaille sur le temps long et créée des liens avec les personnes qui deviennent partie prenante de son projet. En 2020, le camp de Moria est au bord de l'explosion. D'une capacité de 2000 personnes, il en abrite près de 20.000; réfugiés (sur)vivants dans une promiscuité, un dénuement et une insalubrité extrêmes. Mathieu Pernot fait un premier voyage en janvier 2020 et établit une relation de confiance avec certains migrants, coincés à Moria en attendant l'examen de leur demande d'asile. Devenus partenaires de ce récit partagé, il lui envoient régulièrement, par What's App, des vidéos enregistrées sur leurs téléphones. Différents événements de leur quotidien : manifestations, agressions à l'intérieur du camp, confrontation avec les forces de l'ordre, incendies. "Un document unique de ce qu'il se passe" écrit Mathieu Pernot dans le livre qui prolonge l'expo.
Pour marquer la mise à égalité des deux sources d'images, l'exposition s'ouvre sur une photo de Mathieu Pernot en regard de la projection d'une video, fortement chahutée. Les qualités d'image sont diamètrament opposées, mais le sens est le même.