La visite dimanche à Istanbul du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et son tête-à-tête avec le président turc Recep Tayyip Erdogan nourrissent l’effort de rapprochement entre les deux voisins, membres de l’Otan et rangés du côté de l’Ukraine face à la Russie.
Cette rencontre intervient alors qu’Ankara, qui se place depuis le début du conflit en médiateur entre la Russie et l’Ukraine, a accueilli vendredi les premiers pourparlers entre les ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et ukrainien Dmytro Kouleba depuis le début de la guerre.
Le président turc a saisi l’occasion d’un déplacement de M. Mitsotakis, qui rend visite dimanche à Istanbul au patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, primat des églises orthodoxes dont celle de Grèce, pour l’inviter à déjeuner à la résidence présidentielle sur les rives du Bosphore.
La relation traditionnellement conflictuelle entre Athènes et Ankara a connu ces dernières années une nouvelle période de crise, liée à la délimitation des eaux en Méditerranée orientale.
La tension avait atteint son comble à l’été 2020, lors de tentatives turques d’exploration des gisements d’hydrocarbures dans ces eaux disputées. Mais la reprise en 2021 des pourparlers bilatéraux ont apporté une détente relative.
Ce "sommet gréco-turc intervient à l’occasion de la guerre en Ukraine, mais il sera évalué dans le cadre du dialogue gréco-turc entamé après la désescalade de la crise" de l’été 2020, explique à l’AFP Antonia Zervaki, professeure adjointe de relations internationales à l’Université d’Athènes.
Elle y voit "l’indice d’un effort de rapprochement et de compréhension" entre les deux pays.
En quête de "normalisation"
Mercredi, Kyriakos Mitsotakis s’est dit "disposé" à contribuer à ce dialogue d'"une manière productive d’autant plus que les deux pays sont préoccupés par les affaires régionales".
"En tant que partenaires au sein de l’Otan, nous sommes appelés à agir dans la conjoncture actuelle" pour "tenter de maintenir notre région loin de toute autre crise géopolitique (tout en) dénonçant la violation du droit international" par la Russie, a déclaré le chef du gouvernement grec lors d’un conseil des ministres.