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Sommet de Bali : le G20, qu’est-ce que c’est ? À quoi sert-il ?

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Par Paul Verdeau avec Julie Coremans

La guerre en Ukraine n’y fera rien : la Russie sera bel et bien représentée au sommet du G20 à Bali, qui a lieu mardi et mercredi. Le président indonésien Joko Widodo, dont le pays accueille le sommet, a confirmé à Bloomberg que Vladimir Poutine, tout comme son homologue chinois Xi Jinping, étaient bien invités, malgré les pressions internationales reçues par l’Indonésie pour exclure la Russie, et les restrictions de voyage du président chinois en raison du Covid-19. 

Entre-temps, Vladimir Poutine a annoncé qu’il y serait représenté par son ministre des Affaires étrangères Sergeï Lavrov. "Cette décision a été prise personnellement par le chef de l’Etat. Elle est liée à son agenda et à la nécessité qu’il se trouve en Russie", a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Xi Jinping, lui, y assistera bien, avec en préambule une rencontre avec le président américain Joe Biden.

Il faut dire qu’un G20 sans la Chine et la Russie, respectivement deuxième puissance économique et deuxième puissance militaire du monde, ce n’est pas vraiment un G20. C’est un petit peu comme si les Etats-Unis n’y figuraient pas. Mais au fait, qui fait partie du G20 ? Et à quoi sert-il ? Petite histoire d’un club très select.

Depuis quand ça existe le G20 ?

Le G20, officiellement "Groupe des Vingt" en français, est une extension du G7 (qui comprend les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon) lancée en 1999 à Washington. Il s’agissait alors de mieux rendre compte des enjeux économiques mondiaux, et d’inclure plus de dialogue avec les nouvelles petites puissances, les pays émergents (et notamment les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

C’est notamment du ministre des Finances du Canada de l’époque, Paul Martin, et du secrétaire américain au Trésor Larry Summers, qu’est venue l’impulsion. Après une discussion sur la crise financière en Asie, les pays du G7 avaient fourni aux pays asiatiques une liste de recommandations. "Les pays asiatiques ont dit : 'Vous nous dites quoi faire, mais vous n’avez pas la politesse de nous inviter à table', racontait Paul Martin au journal La Presse en 2019. En sortant de la réunion, j’ai regardé Larry et j’ai dit : 'Il faut faire quelque chose'. Il était bien d’accord."

Paul Martin et Larry Summers ont alors été chargés de décider qui intégrerait ou non le club des Vingt. "Les choix n’ont pas été faits parce que ces pays étaient nos amis ou pas, mais étaient strictement basés sur l’idée que c’étaient des économies parmi les plus importantes dans leur région respective", expliquait Paul Martin. Le Brésil et Argentine représenteront donc l’Amérique latine, l’Afrique du Sud et le Nigeria représenteront l’Afrique, l’Asie sera représentée par l’Inde, l’Indonésie et la Chine, le Moyen-Orient par la Turquie et l’Arabie saoudite et l’Europe par la Russie et l’Union européenne dans sa totalité. De quoi former un G21, réduit à 20 après le désistement du Nigeria.

Depuis, la présidence du groupe change chaque année. L’Allemagne a déjà présidé trois fois le G20, les Etats-Unis, l’Australie et la Chine deux fois. En 2022, c’est donc l’Indonésie qui dirige donc les discussions, lors du sommet qui débute à Bali ce mardi.

Quel est le rôle du G20 ?

Selon son site officiel, le G20 est un "forum international" qui rassemble donc les principales économies mondiales. Au total, ces dernières représentent 80% du PIB mondial, 75% du commerce global et 60% de la population de la planète. Son but est de réunir ces puissances pour un dialogue concerté autour des enjeux majeurs économiques, mais aussi sociaux.

A chaque sommet sont donc réunis les chefs d’Etat et de gouvernement, mais aussi les ministres des Finances de chaque pays. Le pays qui préside fixe des axes de discussion et des objectifs. En 2011, par exemple, la présidence française avait placé parmi ses priorités la réforme du système monétaire international, la régulation financière, la lutte contre la volatilité des prix des matières premières ou encore contre la corruption.

En 2022, l’Indonésie souhaite que le G20 travaille notamment autour de la transition énergétique et numérique de l’économie, ainsi que les efforts de relance après la crise du Covid-19. Un volet autour de la santé mondiale est également à l’ordre du jour. Dimanche, les grandes économies du G20 ont annoncé un fonds de 1,4 milliard de dollars pour se préparer aux futures pandémies, une somme jugée toutefois insuffisante par l’Indonésie.

Mais même si l’ordre du jour est bel est bien celui de la relance après la pandémie et de la transition énergétique, nul doute que l’ombre de la guerre en Ukraine planera au-dessus des têtes des Vingt. En plus des pays habituellement associés au G20, comme l’Espagne ou les Pays-Bas, l’Indonésie a choisi d’inviter… Volodymyr Zelensky, le président ukrainien.

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