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Sommet de l’Otan : les États membres de l’Alliance atlantique augmentent leurs budgets militaires

Siège de l’OTAN à Bruxelles

© Dursun Aydemir / Anadolu Agency

Depuis longtemps déjà, l’OTAN recommande à ses membres de dépenser au moins 2% de leur PIB (Produit Intérieur Brut) dans le domaine de la défense. Un objectif que seul un tiers des membres rencontraient. L’invasion de l’Ukraine par la Russie fait l’effet d’un signal d’alarme et nombreux sont ceux qui décident de revoir à la hausse leurs niveaux de dépenses. 

Le Graal des 2%

© RTBF

On se souvient de la polémique autour des dépenses militaires déclenchée par Donald Trump en 2017. A ses yeux, l’Europe profitait, au travers de l’OTAN, de l’armée américaine pour assurer sa propre défense. Et, quand on observe le graphique ci-dessus, la thèse en question est, en partie au moins, documentée. Un bon tiers seulement des membres de l’organisation satisfait au fameux prescrit des 2% du PIB consacré à la défense. La Belgique, en 2021, se situait dans le peloton de queue avec 1,12% du PIB, juste devant l’Espagne et le Luxembourg. Une situation qui va évoluer avec la toute récente adjonction d’un milliard d’euros supplémentaire au budget de la défense. Ce qui le haussera à 1,54%.

En première ligne, la Pologne

La Pologne était déjà un bon élève dans la classe des membres de l’OTAN. Elle consacrait 2,1% de son PIB à la défense. Elle vient d’annoncer son intention de porter ce chiffre à 3% dans les délais les plus courts, ce qui la propulserait dans le peloton de tête, juste derrière les Etats-Unis. Le pays envisage de doubler le nombre de ses militaires, passant de 143.000 personnes à près de 300.000 soldats.

Pour ce faire, la Pologne plaide aussi pour que ses dépenses militaires ne soient pas prises en compte pour le calcul de son déficit budgétaire. L’Union européenne demande en théorie que le déficit soit cantonné à 3% du PIB. Cette position est motivée entre autres par le rôle de hub de la Pologne dans la livraison des armes destinées à l’Ukraine et à la méfiance historique du pays par rapport à la Russie.

A l’extrême est de l’Union européenne, la Pologne a une frontière commune avec l’Ukraine et avec la Biélorussie. Le sentiment de menace est tel que bientôt, l’armée s’invitera à l’école pour donner des cours de formation de défense et de familiarisation à l’armement. Un programme qui devrait faire en sorte, selon le ministre de l’éducation, que les Polonais soient à même de se défendre. Le président américain a par ailleurs décidé de visiter la Pologne dans la foulée des sommets bruxellois et de rencontrer son président Andrzej Duda.

En Europe, l’Allemagne lance le mouvement

Dès l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne a été parmi les premiers à donner le ton en annonçant le déblocage de 100 milliards d’euros pour rééquiper son armée. Un budget qui représente le double de celui de l’an dernier. Il était à 47 milliards d’euros. Elle vise les fameux 2% de PIB, en 2021, elle se trouvait à 1,53%.

L’armée allemande, au moment de la réunification était forte d’un demi-million de personnes. Il n’en reste que 200.000 aujourd’hui. De plus, le matériel est obsolète, sujet à de multiples pannes. Quand, peu avant l’invasion, l’Ukraine a demandé qu’on lui livre des missiles antiaériens, l’Allemagne a refusé dans un premier temps car elle était, elle-même à court.

Les soldats allemands stationnés en Lituanie se sont plaints auprès de leur ombudsman de ne pas disposer de vêtements chauds et même de sous-vêtements. Tout ceci a conduit le général en chef des armées allemandes à dire qu’elle était "plus ou moins nue" face à la menace. Une situation que la dépendance du pays au gaz russe et la proximité d’un voisin devenu menaçant ont rendue intenable à court terme. Malgré le pacifisme et l’horreur de la guerre hérités du dernier conflit mondial.

Les pays scandinaves tirent les conclusions de leur proximité avec la Russie

La Norvège accueille de grandes manœuvres de l’OTAN, près de 30.000 soldats participants. Elle a une frontière commune avec la Russie et l’action de cette dernière en Ukraine contribue à mesurer la menace avec plus de circonspection. Un budget de 300 millions d’euros a été ajouté aux dépenses de défense. Le Danemark, quant à lui maintiendra son effort de défense à 2% du PIB en s’équipant, entre autres de nouveaux avions de chasse. Des efforts pour atteindre ce seuil vont aussi être consentis en Suède et en Finlande, pays non-membres de l’alliance.

En France, consensus autour de la hausse du budget défense

En France, le budget de la défense est en constante augmentation depuis 2017. Le président français Emmanuel Macron a annoncé dans son discours de candidature que le mouvement serait poursuivi. Le budget de l’armée était de 32,3 milliards d’euros en 2017, il est actuellement à 40,9 milliards et le président français ambitionne de lui faire dépasser la barre des 50 milliards en 2025. Autre objectif, le doublement du nombre de réservistes.

Les participants à la course présidentielle semblent par ailleurs se mettre d’accord sur l’augmentation de l’effort de défense. Eric Zemmour et Marine Le Pen proposent même des efforts supplémentaires. Respectivement 70 milliards à l’horizon 2030 et 55 milliards en 2027. Valérie Pécresse, Eric Zemmour se rejoignent quant à eux sur la construction d’un deuxième porte-avions.

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