L'entente entre grandes puissances lors de leur sommet en Angleterre a été plombée par les divergences entre Londres et les Européens sur les nouveaux contrôles imposés à certains échanges entre la Grande-Bretagne et la province britannique, de l'autre côté de la mer d'Irlande, perturbant les échanges et provoquant la colère des unionistes, qui défendent le maintien de la province au sein du Royaume-Uni.
Après une série d'entretiens samedi avec le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, et les chefs de l'UE Ursula von der Leyen et Charles Michel, Boris Johnson a averti que son gouvernement n'hésiterait pas à passer outre l'accord de Brexit faute de flexibilité de l'UE, qui appelle Londres à respecter ses engagements.
Les saucisses, sujet sensible
Selon le Times et le Telegraph, le Premier ministre britannique était furieux après son échange avec Emmanuel Macron. Boris Johnson s'y est plaint des règles actuelles, qui empêchent à partir de juillet l'envoi de saucisses de l'île de Grande-Bretagne vers l'Irlande du Nord, estimant que cela revenait à interdire la vente de saucisses de Toulouse à Paris.
Le président français a selon ces journaux rejeté la comparaison en expliquant que "Paris et Toulouse font partie du même pays".
L'entourage du président français à confirmé l'échange en assurant qu'il avait employé le terme "territoire". "La discussion était tendue", a reconnu cette source.
Vous vous imaginez ce que si passerait si on parlait de la Catalogne, de la partie flamande de la Belgique, d'un Land allemand, de l'Italie du Nord, de la Corse pour la France comme de pays différents? Il faut un peu de respect
Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a lui critiqué les "très hauts responsables de l'UE qui parlent de l'Irlande du Nord comme si c'était un pays distinct du Royaume-Uni, ce n'est pas seulement insultant, cela a des effets concrets sur les communautés".
"Vous vous imaginez ce que si passerait si on parlait de la Catalogne, de la partie flamande de la Belgique, d'un Land allemand, de l'Italie du Nord, de la Corse pour la France comme de pays différents? Il faut un peu de respect", a-t-il dénoncé.
Les mesures adoptées pour l'Irlande du Nord sont censées "préserver" la paix dans la province en évitant le retour d'une frontière dure avec la république d'Irlande voisine, membre de l'UE. Elles ont provoqué des remous politiques et même de violents heurts début avril.
Pleins feux sur le climat
Haro sur le charbon. Dans un effort pour limiter le réchauffement de la planète, les dirigeants des grandes puissances du G7 déclinent dimanche un plan d’action pour le climat, au dernier jour de leur sommet en Angleterre.
Au lendemain de l’annonce d’initiatives communes pour répondre aux grands défis mondiaux, comme la riposte à l’influence internationale croissante de la Chine et la prévention des pandémies, les pays riches s’attellent à l’urgence climatique lors de leur rencontre à Carbis Bay (sud-ouest), la première en presque deux ans, marquant le retour des Etats-Unis au multilatéralisme.
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Le temps presse, a prévenu le naturaliste star britannique David Attenborough, 95 ans. "Les décisions que nous prenons durant cette décennie – en particulier les décisions des nations les plus avancées économiquement – sont parmi les plus importantes de l’histoire humaine".
L’enjeu est de taille pour le Royaume-Uni, qui souhaite jeter les bases d’un consensus quelques mois avant la grande conférence de l’ONU sur le climat (COP26) qu’il accueillera en novembre à Glasgow.
Le but est de limiter l’augmentation des températures en dessous de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, seuil au-delà duquel les scientifiques estiment que le changement climatique deviendra incontrôlable.
Charbon dans le viseur
Pour y parvenir, les dirigeants du G7 vont se prononcer pour une réduction d’environ de moitié de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, un objectif que certains pays entendent dépasser.
Le charbon est dans leur viseur, surtout les centrales alimentées par cette énergie fossile, la plus polluante – sauf si des mesures de compensation environnementale sont en place, comme le captage de CO2. Les aides publiques seront arrêtées dès cette année.
Protéger notre planète est la chose la plus importante que nous puissions faire pour nos peuples en tant que dirigeants.
Dans ce cadre, les dirigeants prévoient de signer un chèque allant jusqu’à 2 milliards de dollars pour accompagner la transition verte dans des pays défavorisés.
"Protéger notre planète est la chose la plus importante que nous puissions faire pour nos peuples en tant que dirigeants. Il y a une relation directe entre la réduction des émissions, la restauration de la nature, la création d’emplois et la garantie d’une croissance économique à long terme", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson.
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Les dirigeants de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni, du Canada, des Etats-Unis, de l’Allemagne et du Japon vont aussi se pencher sur le volet climatique du vaste plan mondial d’infrastructures présenté samedi pour les pays défavorisés en Afrique, Asie ou Amérique latine, pour encourager la croissance verte et tenter de contrer Pékin sur son propre terrain.
Le G7 va également s’engager à accroître ses contributions en vue de l’objectif des pays développés de financer à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici 2025 les politiques climatiques des pays pauvres.
Malgré ces accents verts, Boris Johnson a simplement réchauffé de vieilles promesses
Parmi les autres mesures figure aussi la volonté d’enrayer le recul de la biodiversité d’ici 2030, en protégeant au moins 30% des terres et des mers, tandis que Londres va lancer un fonds de 500 millions de livres (plus de 582 millions d’euros) pour la préservation des océans.
Pour les militants écologistes, ces annonces sont trop molles : ils veulent plus d’actes et moins de mots, comme ils l’ont rappelé bruyamment et de manière cocasse lors de manifestations en Cornouailles. "Malgré ces accents verts, Boris Johnson a simplement réchauffé de vieilles promesses", a déploré Greenpeace, tandis qu’Extinction Rebellion a qualifié le sommet de "flop".
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Depuis le début du sommet vendredi, les dirigeants ont voulu offrir l’image d’un front uni sur les grands dossiers.
Au gré de sessions de travail et des apartés, le président américain Joe Biden s’est efforcé de rallier ses alliés face à Moscou et Pékin, un objectif majeur de sa tournée européenne qui marque le retour des Etats-Unis sur la scène internationale après l’ère Trump.
Cette image de bonne entente a toutefois été écornée par les dissensions, exposées au grand jour, entre Européens et Britanniques sur le Brexit et le dossier épineux de l’Irlande du Nord.
Des millions de gens ne seront pas vaccinés et des millions vont mourir
Sur le front de la pandémie, après la promesse de partager un milliard de doses de vaccins anti-Covid aux pays pauvres, à la traîne dans leurs campagnes d’immunisation, le G7 a adopté un plan de bataille afin de prévenir de futures pandémies.
C’est insuffisant, a taclé l’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown sur Sky News : "Des millions de gens ne seront pas vaccinés et des millions vont mourir".
Après le communiqué final et les traditionnelles conférences de presse, Joe Biden prendra le thé avec la reine Elizabeth II au château de Windsor, avant le sommet de l’Otan à Bruxelles puis une rencontre très scrutée avec le président russe Vladimir Poutine mercredi à Genève.