Pas un faux pli dans le tapis rouge. Des drapeaux parfaitement alignés avec, côte à côte, les étoiles des Etats-Unis et celles de l’Union européenne.
Puis dans ce cadre impeccable, l’apparition des trois leaders, résolument radieux. Ils retirent les masques pour montrer l’amplitude de leurs sourires. Et ils partagent leur ravissement sous les objectifs des caméras.
"Je suis tellement ravi que l’Amérique soit de retour" entonne le Président du Conseil européen, Charles Michel, après avoir gratifié le Président des Etats-Unis d’un "Dear Joe". Et Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne renchérit : "c’est un honneur de vous recevoir, si tôt dans votre mandat" et "nous voulons vous assurer que nous sommes amis et alliés".
Joe Biden, le Président des Etats-Unis abonde : "America is Back" mais aussi "nous avons une magnifique relation". Et : "J’ai une vision très différente de mon prédécesseur."
Personne ne mentionne nommément Donald Trump en ces premières minutes de sommet Union européenne / Etats-Unis, le premier en sept ans, mais le message est clair : l’ère Trump est révolue. C’est jour de réconciliation transatlantique. Concrètement, cela signifie d’abord réparer les pots cassés.
Rafistoler une relation cabossée par le mandat Trump
La relation UE-Etats-Unis sort abîmée des 4 ans de présidence de Donald Trump.
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L’ex-Président des Etats-Uni avait certes confirmé un virage déjà amorcé par son prédécesseur Barack Obama : celui de regarder davantage vers l’Asie et son dynamisme commercial, plutôt que vers l’Europe. Mais Donald Trump avait en outre adopté un ton jamais entendu vis-à-vis de l’Union Européenne.
L’allié européen depuis l’après-guerre et les fondements de l’Union était devenu, dans le discours de Donald Trump, "un ennemi pire que la Chine" et l’Allemagne "un Etat contrôlé par la Russie", la Belgique "un hellhole" (traduction approximative : "un trou à rats").
Ce ton a été doublé de gestes commerciaux hostiles. En mai 2018, les Etats-Unis ont instauré des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens. L’Union avait riposté en instaurant des droits de douane sur 3,2 milliards de dollars de produits américains, des jeans aux Harley Davidson. Une "guerre commerciale" et diplomatique dont les traces sont à colmater aujourd’hui.
En signe d’apaisement, au début de ce mois de juin, les Européens ont renoncé à surélever certaines taxes punitives. Ils attendent maintenant un geste des Etats-Unis, comme le soulignait le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, la semaine dernière :
"Nous avons envoyé un signal clair aux États-Unis quant à notre volonté de résoudre ce différend de manière juste et équilibrée, puisque nous avons suspendu le doublement automatique de nos contre-mesures légitimes. Il appartient maintenant aux États-Unis de passer de la parole aux actes."
Qu’en sera-t-il ? Ce sommet a en tout cas ouvert ce travail de réconciliation avec un premier acquis, une première preuve concrète de cette volonté de renouer : la suspension de la guerre des avionneurs Airbus et Boeing.
Une trêve dans la guerre Airbus-Boeing
A la sortie de la rencontre, le trio de leaders a annoncé un compromis qui amorce la fin de 17 ans de conflit entre les avionneurs français et américain Airbus et Boeing.