Quel ton adopter face à la Russie ? C’est l’une des questions centrales du sommet européen de ces jeudi et vendredi à Bruxelles.
Depuis le printemps, la Russie a massé des troupes le long de sa frontière avec l’Ukraine, au point de laisser craindre une nouvelle intervention militaire sur le territoire Ukrainien, sept ans après l’annexion de la Crimée.
Face à cette Russie menaçant un Etat limitrophe de l’Union, les 27 dirigeants européens veulent montrer les muscles. Mais comment et quand ?
Brandir la menace de sanctions
Les 27 chefs d’Etats et de gouvernements réunis à Bruxelles planchent sur une liste de sanctions possible à l’égard de la Russie.
Les Etats de l’Union semblent unanimes sur leur volonté de montrer les dents. "Nous allons réaffirmer que l’inviolabilité des frontières est l’un des fondements essentiels de la paix en Europe et que, tous ensemble, nous ferons tout pour la préserver" dit le nouveau Chancelier allemand Olaf Scholz, en entamant son premier sommet européen.
En revanche, les visions divergent sur le choix des sanctions et le moment de les poser. Or l’unanimité des 27 est indispensable pour les adopter.
Des sanctions économiques sont déjà en vigueur depuis 2014 : elles pourraient être facilement renouvelées et élargies. "Des sanctions sont déjà en vigueur et nous sommes prêts à en ajouter d’autres si nécessaire", affirmait mercredi Charles Michel, le président du Conseil européen, à quelques heures de l’ouverture du sommet.
Mais d’autres demandent de brandir une menace plus lourde : celle d’affecter l’approvisionnement en gaz importé de Russie en Allemagne, le fameux nouveau gazoduc "Nord Stream 2". C’est une menace plus ferme et plus controversée.
Faut-il toucher au gazoduc Nord Stream 2 ?
Ce tout nouveau gazoduc vient d’être achevé entre la Russie et l’Allemagne. Il est destiné à assurer à l’Allemagne son approvisionnement en gaz naturel de Russie, pièce centrale de son mix énergétique des années à venir.
A l’entame du sommet, certains des 27 dirigeants européens invitaient à utiliser ce contrat d’importation de gaz russe en guise de levier face à la Russie : c’est le cas du chef du gouvernement polonais ou les dirigeants des pays baltes dont le Premier ministre de la Lettonie, Arturs Krišjānis Kariņš.
"Nous voyons la Russie qui masse des militaires en nombre à ses frontières avec l’Ukraine […]. Nous voyons aussi une campagne de désinformations gigantesque à travers l’Europe, qui tente de changer le récit de ce qui se passe réellement. Et nous voyons une crise des prix de l’énergie en Europe grandement influencée par la manipulation de Gazprom [géant russe du gaz] sur le marché du gaz en Europe" constate le Premier ministre letton.
Un constat qui doit amener l’Union à réagir fermement vis-à-vis de Moscou, insiste-t-il.
Arturs Krišjānis suggère de combiner plusieurs leviers dont un soutien militaire direct de l’Union européenne à l’Ukraine mais aussi, dit-il, une possible marche arrière pour "Nord Stream 2".
"Ce que nous voulons éviter à tout prix c’est une escalade de la situation militaire en Ukraine. Et éviter ça peut être obtenu de la meilleure façon aujourd’hui par des sanctions économiques douloureuses très claires vis-à-vis de la Russie si elle va plus loin. Je pense avec certitude qu’il faut que la question de Nord Stream 2 soit sur la table et que, s’il y a une intensification de l’activité militaire en Ukraine, ce projet puisse être coupé" déclare le dirigeant de la Lettonie.