Chroniques

Sondage RTBF – La Libre : le PTB, assurance vie du MR ?

Les coulisses du pouvoir

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Si on votait demain, le Vlaams Belang et le PTB seraient les grands vainqueurs. C’est le grand enseignement du sondage mené par Kantar à la demande de la RTBF et de la Libre. Le score des partis antisystèmes n’a jamais été aussi important. Et, paradoxalement, cela pousse le système au statu quo.

Quels gouvernements ?

On le rappelle, un sondage n’est pas une prédiction de ce qui pourrait se passer, mais une photographie imprécise de l’Etat actuel. Posons-nous la question : sur base de cette photographie, quelles coalitions sont imaginables ?

PTB et Vlaams Belang progressent tellement, que cela réduit les options. Au fédéral d’abord. Des majorités fédérales avec le PTB et/ou le Belang sont très, très improbables, il faudra donc faire avec ceux qui restent.

Dans ceux qui restent, il y a d’abord les pistes autour de la N-VA. Mais elles sont, à chaque sondage, de plus en plus compliquées. Le confédéralisme nécessite une majorité des deux tiers et des majorités spéciales, qui s’éloignent. Autre bémol, plusieurs partis francophones refusent une alliance avec la N-VA. Et la Suédoise qui a vu le jour entre 2014 et 2018, avec le seul MR dans le Sud, a moins de majorité que jamais. A part un "coup", les options de Bart de Wever sont très limitées.

Que reste-t-il ? Par dépit, plus que par conviction, une Vivaldi, avec éventuellement l'une ou l’autre variation dans l’orchestre. Une vivaldi avec moins de verts, moins de VLD et de CD&V, mais avec plus de rouge (enfin de Rood). La hausse continue de Vooruit compense les pertes des autres partis flamands. Une Vivaldi où la famille socialiste serait renforcée.

Flandre, Bruxelles et Wallonie

Dans les régions c’est le même constat. Les possibilités de majorités sans le Vlaams Belang et le PTB sont réduites.

En Flandre, l’actuelle coalition N-VA, CD&V et VLD, n’a plus la majorité (42% des sondés). Le Vlaams Belang progresse de 6% par rapport aux élections de 2019. Mais la N-VA recule de 4%, le Samen Meerderheid, la majorité ensemble, n’est pas loin, mais pas encore possible. Si l’on s’en tient aux déclarations de Bart de Wever, l’alliance ira plutôt vers une alliance avec Vooruit et un troisième larron, le VLD ou CD&V.

À Bruxelles, le jeu semble le plus ouvert. L’actuelle majorité pourrait être reconduite, mais d’autres options avec le MR et sans Ecolo sont également imaginables.

Enfin en Wallonie, où la poussée du PTB est la plus spectaculaire, on voit deux grandes options se dégager si, comme on peut s’y attendre, le PTB ne parvient pas à rentrer dans la majorité. L’option numéro 1, que beaucoup évoquent, c’est une majorité "olivier" PS-ECOLO-Les engagés. Mais les reculs cumulés d’Ecolo et des Engagés rendent le scénario de plus en plus fragile. Si cette tendance continue, il ne sera peut-être pas possible de se passer du MR. C’est la deuxième option, la reconduction de l’actuelle majorité.

Pas de sanctions pour tous les partis au pouvoir

On pourrait penser que la progression du PTB se fait aux dépens des partis au pouvoir. Ce n’est pas si simple. Le PS et le MR ne sont pas sanctionnés mais bien Ecolo alors qu’ils sont tous les trois au pouvoir. Dans l’opposition partout, Les Engagés reculent.

Au niveau des partis francophones, ce qui étonne c’est la relative bonne santé du PS. Avec les récentes affaires on pouvait s’attendre à un tassement plus important du PS. On pouvait s’attendre aussi à ce que le MR recueille les fruits de sa stratégie de l’hyperprésidence ce qui n’est pas le cas. Mais les deux partis sont relativement stables ce qui peut de toute façon être considéré comme inespéré au vu des difficultés récurrentes de la Vivaldi. C’est l’inverse pour Ecolo. Les verts se tassent en Wallonie, plus qu’à Bruxelles. Sans doute une conséquence du dossier nucléaire.

Enfin, l’opposition ne rapporte toujours pas aux Engagés. Ils trinquent et doivent espérer un effet Crucke pour que leur marque s’impose.

Reste le PTB. En grande forme en Wallonie et à Bruxelles mais pas en Flandre, où Raoul Heddebouw a pourtant été envoyé pour mener campagne. C’est un caillou dans la chaussure "unitariste" du PTB. Vu de Flandre le PTB, est un phénomène populiste du sud. Cela renforce le discours nationaliste qui peut agiter la peur d’une Wallonie "irresponsable" et "communiste". Si le PTB s’installe autour de 20%, qu’il refuse le compromis et ne perce pas en Flandre (ça fait beaucoup de si, je le reconnais), il risque d’approfondir la fracture Nord/Sud et d’être la meilleure assurance vie du MR pour forcer la porte de la majorité.

Bien sûr, ce n’est qu’un sondage…

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