Sophia Corri est une compositrice écossaise, aux origines italiennes, compositrice bien oubliée aujourd’hui. Sophie est née dans un milieu musical, son père Domenico Corri, était compositeur. Ce dernier quittera sa Rome natale, appelé en Écosse pour diriger les concerts de la Musical Society of Edinburgh et se faire ainsi une bonne renommée de maître de chant et d’organisateur de concerts. Il était aussi le patron d’un commerce d’édition musicale.
Interprète d’Haydn et de Mozart
Domenico Corri enseigne le chant et le piano à sa fille Sophia et la produit comme pianiste alors qu’elle est encore très jeune. À l’adolescence, elle était une chanteuse, pianiste et harpiste accomplie, et à 16 ans, Sophia Corri fait ses débuts à Londres, aux prestigieux concerts Salomon en 1791 avec Joseph Haydn pour l’accompagner au clavecin. Elle interprète aussi quelques morceaux lors de la première représentation de La tempête de Haydn. La jeune femme va également jouer un rôle dans l’introduction de la musique de Mozart à Londres. C’est elle qui sera l’une des solistes à la première du Requiem de Mozart dans la capitale anglaise, à Covent Garten.
Une famille de musiciens et de compositeurs
Sophia Corri devient une soprano réputée, et développe ses talents de harpiste et de pianiste, mais aussi de compositrice. A 17 ans, elle épouse Jan Ladislav Dussek, pianiste et compositeur à succès, qui dans la foulée s’associe avec son beau-père Domenico Corri dont l’affaire s’agrandit pour devenir la maison d’édition Corri, Dussek & Co. Le couple Dussek aura une fille unique, Olivia, qui sera également musicienne : pianiste, harpiste, compositrice, professeur, et organiste titulaire, ce qui était assez exceptionnel à l’époque pour une femme.
Malheureusement les affaires vont mal, la maison d’édition fait faillite, son père, endetté est emprisonné, et Dussek s’enfuit à Hambourg avant de s’installer à Paris. Sophia ne reverra plus jamais son époux, qui meurt en 1812. Veuve, elle se remarie avec un altiste et publie ses œuvres sous son propre nom. Elle crée aussi une école de musique à Paddington et se bat pour faire connaître les œuvres de Mozart.
Sophia Corri a publié des sonates, des rondes, des variations et de nombreux arrangements pour piano ou harpe. Certains éditeurs peu scrupuleux ont fait circuler ses œuvres simplement sous le nom de "Dussek", espérant que cette vague attribution conduirait les clients à acheter les œuvres en pensant qu’elles étaient de la main de son époux, qui était plus célèbre qu’elle. Il a fallu attendre le milieu du XXe siècle pour se rendre compte de la supercherie.
Les six sonates pour harpe op.2 de Sophia Corri-Dussek sont des œuvres de jeunesse, elles ont vu le jour alors qu’elle avait entre 16 et 19 ans.