Les gilles de La Louvière sont de sortie, aujourd’hui, à l’occasion de leurs deuxièmes soumonces. Cela a commencé par le ramassage : par petits groupes, ils ont sillonné les petites rues des faubourgs de la Ville et au gré des maisons où ils font halte, ces groupes grossissent. Des gilles mais aussi leur famille et leurs amis.
C’est à l’occasion d’un ramassage que le drame de Strepy-Bracquegnies est survenu, le 20 mars 2022. Un chauffard roulant 160 km/h avait percuté un groupe, faisant 6 morts et de très nombreux blessés.
Pour qu’un tel scénario ne se répète plus jamais, l’encadrement et la sécurité des ramassages feront dorénavant l’objet d’une attention particulière.
Une vingtaine de mètres devant un groupe de gilles, Jason Poulain ne passe pas inaperçu. Une longue veste orange fluo, un sifflet autour du cou et une lampe torche à la main. Lui-même gille à Haine-Saint-Pierre, aujourd’hui il assure la sécurité de ses amis de La Louvière : "mon rôle, c’est de maintenir une distance de sécurité avec le groupe pour prévenir tout danger. Cela peut concerner des véhicules de secours qui doivent passer mais aussi des conducteurs imprudents qui arriveraient trop vite ou distraits par leur GSM au volant. Il y a aussi les conducteurs impatients que ça énerve d’attendre qu’un groupe folklorique passe, mais ça, ça a tendance à disparaître".
Jason Poulain est un signaleur chevronné. Depuis sa majorité, il encadre des événements sportifs : courses cyclistes, jogging. Il connaît son boulot. Il était présent à Strepy-Bracquegnies, le 20 mars dernier. Il a assisté à l’accident : "cela n’aurait rien changé qu’il y ait plus de signaleurs. Ils auraient été "ramassés" comme les gilles l’ont été".
À l’arrière du groupe, un second signaleur ferme la marche. Mais ce n’est pas tout. Un véhicule roule doucement à bonne distance du groupe.
C’est la chose la plus importante qui ait évolué, cette année, en termes de sécurité, explique Dominique De Potter, président de l’amicale des sociétés de gilles de La Louvière : "la ville a exigé que chaque ramassage soit suivi par un véhicule doté d’un gyrophare orange. C’est d’ailleurs la ville qui les a fournis aux différentes sociétés. Je ne vois pas comment on pourrait encore faire plus. À chaque sortie, évidemment, nous pensons au drame de Strépy, mais je pense que ça n’arrivera plus. J’espère de tout mon cœur que ça n’arrivera plus nulle part".
Gyrophares, gilets fluorescents, lanternes blanches à l’avant des groupes et rouges à l’arrière… La Louvière a remis aux différentes sociétés du Laetare le matériel nécessaire pour que chaque groupe puisse assurer sa sécurité car même s’ils sont présents en nombres, il est impossible de mettre un policier derrière chaque ramassage. Mais les règles ont été rappelées à tous les responsables des sociétés de gilles. "Il y a effectivement eu un rappel du Code de la route à tous les acteurs du folklore louviérois, explique le premier inspecteur principal à la police de la circulation, Yohan Franck. Ce code date de 1975, donc il n’y a rien de neuf. Les accompagnateurs sont des guides de groupes folkloriques. Ce ne sont pas des signaleurs au même titre que pour des courses cyclistes, par exemple. Une formation n’est donc pas obligatoire. On a malgré tout rappelé à tous les gestes à adopter, le bon positionnement sur la voirie. La dernière soumonce s’est déroulée sans soucis et donc je ne vois pas pourquoi celle-ci et le carnaval poseraient problème".
Aujourd’hui, les ramassages ont commencé en fin de matinée. Il en sera autrement lors des trois jours du Laetare, les 19, 20 et 21 mars prochain. Les premiers gilles quitteront leur maison au cœur de la nuit. La Ville de La Louvière a donc décidé, pour ces festivités, de rallumer l’éclairage public entre minuit et 5 heures du matin. Une disposition qui vaudra pour les autres carnavals dans les villages de l’entité louviéroise.