Le Musée Art et Marges présente une exposition monographique sous le titre un peu amène : Souriez j’adore. Ariane Bergrichter (1937-1996) a réalisé d’innombrables dessins à Bruxelles à la fin des années 80 et au début des années 90. Elle documente la ville et les lieux de sociabilité spontanée, car elle croque des scènes de vie dans les bistrots. Les dessins exécutés à la pointe Bic sont esquissés nerveusement sur des supports de " fortune ", des sous-bocks et des toutes-boîtes. La profusion des croquis révèle l’attention à l’autre, au peuple des invisibles : les serveuses, les ouvriers, les jeunes et les vieux. Elle dessine comme si elle prenait des notes pour ne rien oublier de la noblesse du Populaire.
Les dessins qui sont autant d’instantanés sont ensuite assemblés à l’aide de bouts de papier collant. L’ensemble constitue un kaléidoscope grouillant de vie. Chaque vignette fourmille de détails amusants. Les mots glissés dans l’image ne sont pas absents. L’œil entend une bribe de chanson d’Hervé Vilard captée dans un café, "Faut-il mourir ou vivre ?" Une formule plaisante lue sur un pont de la rue Gray suggère le titre de l’exposition, "Souriez J’adore".
Les mots apparaissent également dans les carnets qu’elle remplit la nuit quand une voix la persécute. Les mots deviennent maux dans une vie psychique chahutée. Le dessin dénote la capacité de résilience d’une femme solaire qui sombre dans l’angoisse.