Dans un communiqué syndical, le personnel tire, aujourd’hui, la sonnette d’alarme. Dans la situation actuelle, l’institution n’est plus en mesure de prendre en charge le patrimoine dans le respect minimal des missions établies par le code du Patrimoine et encore moins celles qui sont régies par les conventions internationales en la matière.
Stéphane Jaumonet, secrétaire fédéral CGSP-AMio nous explique qu’ au-delà d’un problème de personnel, c’est vraiment la structure mise en place au sein de l’Awap qui pose problème aujourd’hui. : "Certaines directions doublonnent tandis qu’ailleurs, on manque cruellement de personnel. La structure est complètement déséquilibrée. Des tâches comme l’informatique, l’économat, la comptabilité, autrefois réalisées par l’administration wallonne doivent aujourd’hui être assumées par le personnel de l’Awap. Nous sommes donc face à une accumulation des tâches."
L’Awap dispose d’une dotation de 57 millions d’euros qui ne devrait pas être revue à la baisse mais qui peine à être consommée et pourrait être, à terme, remise en question.
13% du budget dépensé
Actuellement 13% du budget des fouilles archéologiques ont réellement été dépensés. En cause, le manque croissant de personnel qui empêche d’intervenir sur le terrain.
Stéphane Jaumonet nous explique : "Certains chantiers sont abandonnés, faute de personnel pour les prendre en charge. L’Awap manque cruellement d’archéologues et de techniciens de fouilles. Certaines fouilles doivent s’arrêter faute de combattants. La semaine dernière encore, au château d’Ohey il ne restait plus qu’un archéologue et deux fouilleurs sur un chantier qui réclamait vingt personnes sur le site !".
La situation n’est pas meilleure dans le Hainaut où, un agent que nous appellerons par un nom d’emprunt, Colette témoigne : "Actuellement, même les chantiers de fouilles prioritaires ne peuvent plus être pris en charge. Il s’agit de fouilles préventives qui sont effectuées avant qu’un chantier immobilier ne démarre. Quand l’archéologie fonctionne bien, on prévient l’aménageur et on se place dans le calendrier des travaux d’aménagement pour réaliser quelques mois de fouilles préventives nécessaires. Les archéologues de l’Awap ont une moyenne d’âge élevée et certains ne sont plus capables d’effectuer des fouilles sur le terrain car il n’y a plus de remplacement du cadre depuis pas mal d’années. Faute de personnel, nous ne pouvons plus assumer la formation de jeunes techniciens de fouilles et nous ne pouvons pas honorer nos agendas. Nous n’avons plus les équipes minimales en interne pour effectuer les chantiers de fouilles. Nous n’arrivons plus qu’à réaliser un chantier par province. Par ailleurs, le personnel recruté est administratif et plus du tout habilité à se rendre sur un chantier de fouille."