Se cacher, pour échapper aux coups de son ex-mari. C’est le quotidien de Marwa. Cette Afghane, mère de deux enfants, vit terrée depuis le retour au pouvoir des talibans. Ils ont annulé son divorce comme celui de bien d’autres femmes, l’obligeant à retourner vivre auprès de son bourreau.
Il me battait tellement que toutes mes dents ont été cassées.
Marwa fait partie du nombre restreint mais croissant de femmes qui, sous le précédent gouvernement soutenu par les Etats-Unis, ont obtenu une séparation légale dans ce pays pourtant patriarcal et profondément conservateur. Mais le soulagement d’être enfin séparée, après 20 ans de mariage, n’aura été que de courte durée.
Aussitôt au pouvoir, les talibans se rendent chez elle accompagnés de son ex-mari qui leur assure avoir été forcé à divorcer. Ils lui demandent la décision de justice, la déchirent lui rétorquant qu’elle n’est plus valable, et l’obligent à retourner vivre avec le père de ses enfants.
"Mes filles et moi avons beaucoup pleuré ce jour-là. Je me suis dit : "Oh mon Dieu, le diable est revenu", raconte Marwa à l’AFP, un chapelet à la main. Sommée de reprendre sa vie conjugale, la mère de famille voit les coups redoubler.
" Mes mains ont été brisées sept à huit fois ; ces doigts ont été brisés. Il y avait des jours où je tombais inconsciente et mes filles me nourrissaient. Il avait l’habitude de me tirer les cheveux au point de me rendre en partie chauve. Il me battait tellement que toutes mes dents ont été cassées et que j’ai dû mettre ces dents artificielles.", explique Marwa.
A l’été 2022, elle se résout à prendre la fuite avec ses enfants, échappant à la vigilance de son ex-mari parti à une cérémonie familiale.
Chaque fois qu’on frappe à la porte, j’ai peur qu’il ne m’ait retrouvée.
Le sort de Sana n’est pas très différent de celui de Marwa. Cette femme de 37 ans, dont le prénom a été changé, se terre avec ses sept enfants dans une maison, où l’AFP lui a parlé, afin d’échapper aux griffes d’un ex-mari violent. Claquemurée dans une pièce froide aux murs dégarnis dans laquelle elle passe le plus clair de son temps, la famille vit dans l’angoisse d’être découverte.
" A chaque heure, de nuit comme de jour, mon cœur bat la chamade. Chaque fois qu’on frappe à la porte, j’ai peur qu’il ne m’ait retrouvée. Quand mes fils sortent, je leur dis de couvrir leurs visages. On reste assis là en tenant le Coran, (priant) pour pas qu’il nous retrouve. Qu’est-ce que je ferais s’il reprend mes filles, mes enfants ?", confie Sana.