Durant leurs expéditions tropicales, les biologistes européens Charles Darwin, Alexander von Humboldt et Alfred Russel Wallace avaient décrit cette richesse si colorée de la flore et de la faune par rapport aux espèces des latitudes septentrionales.
"Plus on approche des tropiques, plus augmentent la variété des structures, la grâce des formes et le mélange des couleurs", s'émerveillait Humboldt (1769-1859).
Depuis, plusieurs scientifiques ont suspecté l'existence d'une sorte de schéma géographique de coloration des espèces variant en fonction de la latitude mais sans pouvoir en apporter la preuve.
Pour confirmer l'hypothèse, des biologistes de l'Université britannique de Sheffield ont étudié plus de 4.500 espèces de passereaux, la plus grande famille d'oiseaux chanteurs (hirondelles, pies, alouettes, rossignols, merles, mésanges, tangaras de paradis...), bien répartie à travers le monde.
Ils ont passé au crible les plumages de spécimens adultes (mâles et femelles) issus des collections du Muséum d'histoire naturelle de Tring, en Angleterre : chacun a été pris en photo sur un fond noir, sous trois angles différents, avec et sans filtre UV.
Grâce à une méthode d'apprentissage profond (un des domaines de l'intelligence artificielle), ils ont extrait de ces séances photo 1.500 pixels par plumage. Sur cette base, ils ont pu mesurer un "taux" de coloration de chaque espèce, puis le comparer à la localisation de l'oiseau, avec un système de scores.