Sous-marins : la France évoque un "mensonge", l'Australie se défend, un échange entre Macron et Biden prévu

Emmanuel Macron et Malcolm Turnbull, premier ministre australien, visitant un sous-marin en mai 2018

© AFP or licensors

Le Premier ministre australien a répliqué dimanche aux accusations de "duplicité" formulées par Paris sur son intention de rompre un contrat d'achat de sous-marins, tandis que le président américain aura l'occasion de s'expliquer dans les prochains jours avec son homologue français lors d'un échange téléphonique.

"Le président Biden a demandé à parler au président de la République et il y aura un échange téléphonique dans les tout prochains jours", a indiqué le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal. "On veut des explications" sur ce qui "s'apparente à une rupture de confiance majeure", et aussi savoir "comment ils entendent sortir de ce contrat", avec des "compensations" à la clé, a-t-il précisé sur BFMTV.

Franche et honnête

L'Australie a été "franche, ouverte et honnête" avec la France au sujet de ses préoccupations concernant un accord massif d'achat de sous-marins français avant de déchirer le contrat, a déclaré dimanche le ministre australien de la défense.

S'exprimant sur Sky News Australia dimanche, le ministre de la défense Peter Dutton a déclaré que son gouvernement avait été "franc, ouvert et honnête" avec la France sur ses préoccupations au sujet de l'accord, qui a dépassé le budget et pris des années de retard.

M. Dutton a déclaré qu'il comprenait la "contrariété des Français", mais a ajouté que "les suggestions selon lesquelles le gouvernement australien n'a pas signalé ses inquiétudes défient, franchement, ce qui est dans le dossier public et certainement ce qui a été dit publiquement pendant une longue période".

"Le gouvernement a eu ces problèmes, nous les avons exprimés, et nous voulons travailler très étroitement avec les Français et nous continuerons à le faire à l'avenir", a-t-il déclaré.

"Intérêt national"

La France est furieuse de la décision de l'Australie de se retirer d'un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour l'achat de sous-marins français en faveur de navires américains à propulsion nucléaire. Elle a rappelé ses ambassadeurs à Canberra et Washington et accusé ses alliés de "mentir" sur leurs projets.

M. Dutton a déclaré qu'il avait personnellement exprimé ces préoccupations à son homologue française, Florence Parly, et a souligné la "nécessité pour l'Australie d'agir dans son intérêt national", qui, selon lui, consiste à acquérir les sous-marins à propulsion nucléaire.

"Et compte tenu de l'évolution des circonstances dans la région Indo-Pacifique, pas seulement maintenant mais dans les années à venir, nous devions prendre une décision qui était dans notre intérêt national et c'est exactement ce que nous avons fait", a-t-il ajouté.

Selon M. Dutton, Canberra n'était pas en mesure d'acheter des navires à propulsion nucléaire français car ils doivent être rechargés, contrairement aux sous-marins américains, ce qui fait que seuls ces derniers conviennent à l'Australie dénucléarisée.

 

"Mensonge, duplicité, rupture majeure de confiance"

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a évoqué samedi la "crise grave" provoquée par le torpillage d'un mégacontrat de sous-marins français à Canberra, dénonçant un "mensonge (...), une duplicité (...), une rupture majeure de confiance" et un "mépris" de la part des alliés de la France.

Interrogé au journal télévisé de la chaîne publique France 2, M. Le Drian a ainsi justifié le rappel des ambassadeurs français à Canberra et Washington par le fait qu'il y avait "une crise grave entre nous".

Cette mesure, la première dans l'histoire des relations entre Paris et Washington, "est très symbolique. Il y a eu mensonge, il y a eu duplicité, li y a eu rupture majeure de confiance, il y a eu mépris donc ça ne va pas entre nous", a-t-il déclaré.

"Nous avons rappelé nos ambassadeurs pour essayer de comprendre et pour montrer à nos pays anciennement partenaires que nous avons un très fort mécontentement, qu'il y a vraiment une crise grave entre nous".

Le rappel de l'ambassadeur français à Londres a été jugé en revanche inutile: "on connait leur opportunisme permanent", a-t-il ironisé quelques mois après le Brexit. "La Grande-Bretagne dans cette affaire, c'est quand même un peu la cinquième roue du carrosse".

Sous-marins australiens: crise entre la France, l'Australie et les Etats-Unis

Sous-marins australiens: Paris évoque un mensonge et une crise grave (JT France 2, Jean-Yves Le Drian, Ministre des Affaires étrangères, 18/09/2021)

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