Le Premier ministre australien a répliqué dimanche aux accusations de "duplicité" formulées par Paris sur son intention de rompre un contrat d'achat de sous-marins, tandis que le président américain aura l'occasion de s'expliquer dans les prochains jours avec son homologue français lors d'un échange téléphonique.
"Le président Biden a demandé à parler au président de la République et il y aura un échange téléphonique dans les tout prochains jours", a indiqué le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal. "On veut des explications" sur ce qui "s'apparente à une rupture de confiance majeure", et aussi savoir "comment ils entendent sortir de ce contrat", avec des "compensations" à la clé, a-t-il précisé sur BFMTV.
Franche et honnête
L'Australie a été "franche, ouverte et honnête" avec la France au sujet de ses préoccupations concernant un accord massif d'achat de sous-marins français avant de déchirer le contrat, a déclaré dimanche le ministre australien de la défense.
S'exprimant sur Sky News Australia dimanche, le ministre de la défense Peter Dutton a déclaré que son gouvernement avait été "franc, ouvert et honnête" avec la France sur ses préoccupations au sujet de l'accord, qui a dépassé le budget et pris des années de retard.
M. Dutton a déclaré qu'il comprenait la "contrariété des Français", mais a ajouté que "les suggestions selon lesquelles le gouvernement australien n'a pas signalé ses inquiétudes défient, franchement, ce qui est dans le dossier public et certainement ce qui a été dit publiquement pendant une longue période".
"Le gouvernement a eu ces problèmes, nous les avons exprimés, et nous voulons travailler très étroitement avec les Français et nous continuerons à le faire à l'avenir", a-t-il déclaré.
"Intérêt national"
La France est furieuse de la décision de l'Australie de se retirer d'un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour l'achat de sous-marins français en faveur de navires américains à propulsion nucléaire. Elle a rappelé ses ambassadeurs à Canberra et Washington et accusé ses alliés de "mentir" sur leurs projets.
M. Dutton a déclaré qu'il avait personnellement exprimé ces préoccupations à son homologue française, Florence Parly, et a souligné la "nécessité pour l'Australie d'agir dans son intérêt national", qui, selon lui, consiste à acquérir les sous-marins à propulsion nucléaire.
"Et compte tenu de l'évolution des circonstances dans la région Indo-Pacifique, pas seulement maintenant mais dans les années à venir, nous devions prendre une décision qui était dans notre intérêt national et c'est exactement ce que nous avons fait", a-t-il ajouté.
Selon M. Dutton, Canberra n'était pas en mesure d'acheter des navires à propulsion nucléaire français car ils doivent être rechargés, contrairement aux sous-marins américains, ce qui fait que seuls ces derniers conviennent à l'Australie dénucléarisée.