Jupiler Pro League

Stéphane Breda et la crise du VAR : "Certains arbitres ont la trouille !"

L'incident Buchanan-Orban, hier à Bruges-Gand

© BELGA

Par Erik Libois

Une véritable manchette au visage de Gift Orban qui s’écroule net avant de s’en aller, titubant, montrer sa lèvre ensanglantée au 4e arbitre : c’est l’image-choc du derby des Flandres Club Bruges-La Gantoise, hier aux alentours de la demi-heure de jeu. Avec l’ailier brugeois Tajon Buchanan, l’arbitre Erik Lambrechts… et surtout le préposé au VAR Kevin Van Damme dans les rôles-titres. Verdict : aucune sanction, pas le moindre coup franc, ni a fortiori carton à l’adresse du Canadien… et ce, malgré l’examen-vidéo de la phase ! Mais quelle mouche a donc piqué notre arbitrage vidéo ces dernières semaines ?

La gestion arbitrale de cette phase est totalement incompréhensible et me laisse perplexe " commente Stéphane Breda, ex-arbitre de D1 et consultant arbitrage RTBF. " L’arbitre Lambrechts ne voit pas la phase puisque les joueurs lui tournent le dos… mais à tous les coups, le VAR doit requérir la carte rouge directe ! A la place, il n’encourage même pas l’arbitre de terrain à venir consulter son écran ! Je n’ai vraiment aucune explication : soit c’est une erreur technique du préposé VAR, ce qui est interpellant, soit c’est un problème de courage… ce qui est encore plus inquiétant ! Ce qui semble clair, c’est que Kevin Van Damme va le sentir passer au débriefing… "

Kevin Van Damme, préposé au VAR, dimanche à Bruges...
Kevin Van Damme, préposé au VAR, dimanche à Bruges... © BELGA

Et de fait, lors de son debriefing hebdomadaire du lundi, Frank De Bleeckere patron du Département Arbitrage, a confirmé que l'acte de Buchanan méritait du rouge écarlate...

" Les arbitres sont formatés… "

Buchanan ne doit plus rien craindre : depuis l’intronisation de l’arbitrage vidéo en D1A lors de la saison 2018-19, le VAR a remplacé la Commission Review. Quoi que contienne le rapport de l’arbitre, aucune poursuite n’est donc plus possible puisqu’aucune faute n’a été signalée lors du match….

Il y a un double problème dans l’application du VAR en Belgique " reprend Breda. " D’abord une limite technique car on n’investit pas suffisamment de moyens dans une technologie de pointe : la ligne 3D tracée pour le hors-jeu est lacunaire et dépend du nombre de caméras installée pour le match. Passez-moi l’expression, un Eupen-Saint-Trond sera toujours défavorisé par rapport à un Standard-Anderlecht… L’autre problème est humain : les arbitres, même au sein du VAR, doivent être dotés de personnalité. Or, je constate de plus en plus un manque de courage et une difficulté à gérer la pression… même à Tubize, loin des stades, dans le local qui remplace le fameux ex-bus du VAR. Les arbitres sont formatés… légitimement car on doit tendre à une uniformité des décisions. Mais du coup, ils décident avec la crainte de déraper : certains ont la trouille ! (sic) Il faudrait mieux les accompagner psychologiquement, comme c’était le cas avec le spécialiste Jef Brouwers"

Stéphane Breda
Stéphane Breda © BELGA

" Le grand complot ? Pur fantasme "

Une décision en faveur du Club Bruges : la porte s‘entrouvre pour la théorie du grand complot…

" Je n’y crois pas une seule seconde… Pour avoir moi-même subi les tentatives d’intimidation du Président Abbas Bayat à l’époque, je peux vous certifier que toutes ces théories relèvent du pur fantasme. Après, peut-être qu’inconsciemment, au 3e carton rouge infligé à la même équipe, vous avez un doute… mais pas longtemps. À nouveau, tout est une question de personnalité. Un autre facteur est la concurrence qui existe entre les arbitres : à chaque match, ils jouent leur cotation… et donc leur matricule, leur salaire et leur progression vers un éventuel badge UEFA ou FIFA. Tout cela est source de pression, mais c'est inhérent au métier... "

Erik Lambrechts, peu aidé par son VAR, dimanche au Stade Breydel...
Erik Lambrechts, peu aidé par son VAR, dimanche au Stade Breydel... © BELGA

93% de bonnes décisions…

Reste que chaque semaine… et chaque semaine davantage, le VAR fait débat. D’aide au referee, l’arbitrage vidéo serait-il devenu un terreau de confusion ?

Encore une fois, ce sont les phases polémiques qui font débat et on focalise surtout sur elles… " conclut Breda. " Je ne dis pas que tout va bien, car tout est perfectible. Mais le dernier rapport du Département Arbitrage du la Pro-League faisait état d’un taux de 93% de bonnes décisions après intervention du VAR. Un taux atteint grâce à l’appui de la technologie VAR. Les 7% restants sont du ressort de l’humain… et c’est essentiellement sur la personnalité des arbitres qu’il faut travailler. "

FC Bruges - La Gantoise : 26 février 2023 (2-0)

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