L’E-Prix de Berlin disputé ce samedi sur le circuit de l’ancien aéroport de Tempelhof est peut-être bien le plus spectaculaire de l’histoire de la Formule E, qui en est à sa neuvième année d’existence.
Huit changements de leader, des dizaines de dépassements… mais aussi des manœuvres très controversées de la part de certains pilotes.
Dès le départ, le grand show a commencé : comme l’aspiration est désormais un facteur déterminant dans cette discipline, où il faut économiser l’énergie pour jouer devant en fin de course, le poleman, Sébastien Buemi (Envision Racing), a volontairement pris un départ relativement lent.
Stoffel Vandoorne (DS Penske), troisième sur la grille, aurait pu s’emparer de la première place… mais il a ralenti – contrairement à Dan Ticktum (Neo 333), quatrième sur la grille et en tête au premier virage – pour ne pas se faire "piéger" comme à Sao Paulo, où il était parti en pole position et où il avait fait la course en tête en début d’E-Prix avant de rentrer dans le rang : il consommait tout simplement beaucoup trop d’énergie.
Ensuite, chacun ralentissant et accélérant à tour de rôle en fonction des stratégies adoptées par les différentes équipes, la différence de rythme entre les différents pilotes en a surpris plus d’un. Et Stoffel Vandoorne, percuté par… Dan Ticktum, a été contraint d’abandonner. "Le résultat final est très décevant. D’autant plus que cet abandon n’est pas de ma faute. Dommage, nous étions en bonne position pour faire quelque chose de bien, pestait le Belge avant de parler de la situation en Formule E actuellement. On ne peut pas appeler ça de la course, personne ne veut être en tête. Il y a quatre voitures une à côté de l’autre à chaque virage et au bout d’un moment ça ne passe plus."
Et c’est peu de le dire, les accrochages sont légion, ce n’est pas Vandoorne qui avancera le contraire. "Sur mon accident, il ne m’a pas laissé de place or que j’étais suffisamment à côté de lui que pour être vu" expliquait le pilote. Dans ces conditions difficile donc de retrouver l’essence même d’un sport automobile : la vitesse. "Je pense qu’il faut du changement. La rapidité n’est même plus essentielle. Nous roulons pour ne pas être en tête puisqu’on ne peut plus gagner une course quand on est en tête. Même la qualification n’est plus significative" concluait un Stoffel Vandoorne qui reste néanmoins optimiste, à condition que la roue tourne un jour.
"La Formule E, c’est du divertissement et aujourd’hui les spectateurs en ont eu pour leur argent !"
Tels sont les mots de Sam Bird, deuxième à l’arrivée. Du divertissement, ça, c’est sûr… Mais ce n’est pas vraiment du goût des puristes du sport automobile. Le coéquipier de Stoffel Vandoorne chez DS Penske, Jean-Eric Vergne, a terminé septième après avoir été lui aussi percuté à plusieurs reprises. Son avis sur la question est très tranché. "Cette course est un carnage. Cela ressemble plus à une course vélo. Je n’ai jamais vu de ma vie que des pilotes préféraient ne pas être en tête. Et derrière ça crée des embouteillages. Mais il va falloir s’habituer car ça ne changera pas avant la fin de la saison. Il n’y a aucun plaisir à rouler dans ces courses-là, pointait le Français avant d’analyser le problème. La voiture laisse trop de traînée et donc les pilotes derrière conservent beaucoup plus d’énergie. Et j’en reviens au vélo, le coureur qui reste dans la roue toute la course, sera beaucoup plus frais à la fin. Réduire la traînée pourrait changer les choses." À bon entendeur comme on dit dans ces cas-là.