Phénomène de contagion
Les grévistes "revendiquent en majorité une amélioration des conditions de travail", remarque Kate Bronfenbrenner, spécialiste des mouvements syndicaux à l'université Cornell.
"Les organisations font plus de profits que jamais et demandent aux salariés de travailler plus que jamais, parfois en risquant leur vie avec le Covid", souligne-t-elle.
Mais face à des employeurs refusant les compromis, les salariés "sont moins enclins à accepter des conventions collectives ne répondant pas à leurs besoins", remarque-t-elle.
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Il est difficile de savoir quel est le nombre exact de grèves, le gouvernement américain ne recensant que celles impliquant plus de 1000 salariés. Mais la tendance est clairement à la hausse depuis le mouvement des enseignants en Virginie occidentale en 2018, affirme Josh Murray, professeur de sociologie à l'université Vanderbilt.
Déçus par la convention négociée par leur syndicat, les enseignants avaient décidé de se mettre en grève, obtenant satisfaction.
Il y a eu ensuite un phénomène de contagion.
"Plus il y a de grèves qui parviennent à leurs fins, plus il y en a qui démarrent, car les gens commencent à vraiment croire qu'ils peuvent gagner et sont prêts à risquer leur salaire ou leur emploi", explique Josh Murray.
Mouvements sociaux
La grève chez Kellogg's succède ainsi à celle en juillet de 600 salariés dans le Kansas d'une usine des gâteaux apéritifs Frito-Lay, filiale de PepsiCo. Ils avaient cessé le travail pendant 19 jours pour obtenir, entre autres, la garantie d'un jour de congé par semaine et des augmentations. Le millier de grévistes des snacks Nabisco (filiale du géant Mondelez) ont, eux, obtenu des concessions en septembre après cinq semaines de conflit.
Autre source de motivation, "pendant la pandémie, ces travailleurs ont pris conscience qu'ils étaient essentiels, que l'économie ne pouvait pas fonctionner sans eux", remarque Josh Murray.
Les syndicats ont aussi profité ces dernières années de la montée de divers mouvements sociaux avec qui ils ont su s'associer, comme le syndicat des métiers de l'hôtellerie en Arizona, Unite Here, avec les organisations de migrants.
"Il y aura forcément un effet de balancier, les entreprises ne vont pas laisser les coûts salariaux augmenter trop", avance M. Murray.
Mais en attendant, "les économistes et les sociologues ont démontré que plus le marché du travail est tendu (comme c'est le cas actuellement aux Etats-Unis, ndlr), plus les travailleurs ont du pouvoir, plus la probabilité de grèves est élevée".