Elle doit la remettre à 11h00 (09h00 GMT) au président du Parlement, ouvrant ainsi formellement le processus de sa succession.
La bascule est historique : jamais jusqu’ici un gouvernement suédois ne s’était appuyé au parlement sur les SD, les grands vainqueurs des élections avec 20,5% des voix et un nouveau rang de deuxième parti du pays.
Mais si les Démocrates de Suède sont devenus le premier parti de la majorité des droites, ils ne sont pas en mesure de revendiquer le poste de Premier ministre, poste promis à M. Kristersson, car les trois mouvements de la droite traditionnelle (Modérés, chrétiens-démocrates et Libéraux) voient d’un mauvais œil la participation des SD au gouvernement.
Ancien gymnaste, Ulf Kristersson va donc devoir réussir l’acrobatie de finaliser et de maintenir l’union des trois droites libérale, conservatrice et nationaliste. C’est lui qui fin 2019 avait pour la première fois envisagé un scénario de collaboration entre la droite et les SD.
"Nous allons être à seulement un ou deux sièges d’une crise gouvernementale", a d’ores et déjà prévenu Magdalena Andersson, qui a dit que sa porte était ouverte en cas d’échec de la formation du gouvernement de droite.
Avec ou sans SD au gouvernement ?
Le scénario le plus probable selon les analystes est que les SD appuient seulement le gouvernement au parlement, sans en faire directement partie. Vraisemblablement en échange d’engagements politiques sur leurs dossiers de prédilection, ou encore de la présidence du Parlement.
"Le processus prendra le temps qu’il faudra", a dit Jimmie Åkesson mercredi, promettant d’être une "force constructive et d’initiative".
Héritier d’un groupe néonazi à sa création en 1988, le parti d’extrême droite s’est peu à peu banalisé dans le paysage politique suédois, entrant au parlement en 2010 avec 5,7%, puis grimpant à chaque élection, sur fond de forte immigration et de problèmes de gangs criminels en Suède.
La campagne a été dominée par des thèmes favorables à l’opposition de droite : criminalité et règlements de compte meurtriers entre gangs d’origine immigrée, intégration et flambée des factures énergétiques.
C’est un triste signe de notre époque
"C’est un triste signe de notre époque, qu’ils puissent profiter de la peur des gens, de ce qu’ils disent sur tous ces criminels", soupire Larry Nilsson, un retraité de Malmö (sud). "Il n’y a que 1 ou 2% de la population qui subit ça, la plupart vivent une vie très sûre, comment peut-on gagner une élection là-dessus ?".
La victoire d’une alliance droite/extrême droite en Suède intervient à moins de deux semaines d’élections en Italie, où une coalition réunissant Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni (post-fasciste) et Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite libérale) est donnée favorite.
"Même dans la belle et démocratique Suède, les gauches sont défaites et renvoyées à la maison ! Le dimanche 25 (septembre) c’est notre tour, nous allons gagner !", a déclaré Matteo Salvini, le chef de la Ligue italienne (anti-immigration).
Au parlement suédois, les SD auront 73 sièges, 11 de plus qu’en 2018. Les Modérés décrochent 68 fauteuils (-2), tandis que les chrétiens-démocrates en ont 19 (-3) et les Libéraux 16 (-4).
A gauche, les sociaux-démocrates grimpent à 107 sièges (+7) grâce à leur bon score de 30,3%, devant les partis de Gauche et du Centre (24 chacun) et les Verts (18).