Economie

Supprimer la TVA sur les fruits et légumes : "une des opportunités de monter un peu moins le prix", pour les producteurs

Supprimer la TVA sur les fruits et légumes: et en Belgique?

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Par Marie-Laure Mathot sur base d'un sujet de Rachel Crivellaro

Depuis avril 2022, les États membres européens sont autorisés à réduire la TVA, de manière indépendante, sur les produits bons pour l’environnement ou bons pour la santé. L’idée semble faire son chemin. Plusieurs pays y pensent : l’Espagne, l’Italie, la France, l’Irlande. Pourquoi ne pas réduire la TVA de 6 à 0% sur les fruits et les légumes ? Chez nous, en Belgique, aussi on y pense sérieusement.

"Mettre la TVA sur les légumes et les fruits frais à zéro pourcent serait vraiment un signal fort", réagit le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke. "Un encouragement pour une alimentation bien équilibrée. Je suis absolument en faveur. On voit que quand même, les courses, c’est assez cher pour des ménages et on ne veut pas que des ménages commencent à économiser sur ce qui est vraiment bon pour la santé."

Mais comment cette suppression de la TVA serait reçue par les producteurs de fruits et légumes et par les consommateurs ? Petit détour chez un maraîcher du Brabant Wallon.

On s’active à la ferme du Peuplier. Vingt hectares sur lesquels on cultive 80 types de légumes différents. Ce jour-là, la récolte des poireaux bat son plein. Gwenaël Dubus, la gérant, est au four et au moulin. "Ici, on épluche les poireaux qu’on les récolte de manière mécanisée. Et puis, il y a tout un travail qui est quand même très, très long. Un pré-épluchage à la machine, un prélavage et ensuite, il faut vraiment finaliser chaque poireau, enlever la petite feuille qui est un petit peu abîmée, les feuilles ici, à mettre en caisse et ensuite relaver et puis ça part au marché."

Si la TVA disparaît, ça peut être une des opportunités de monter un peu moins le prix

Rien que pour la production, Gwénaël emploie quatorze équivalents temps plein. Comme partout, il doit composer avec une augmentation des coûts salariaux. Alors les prix qu’ils pratiquent s’en ressentent. "On a parfois des réflexions, des gens qui trouvent que le panier commence à devenir un petit peu plus cher… À 1 € ou 2 en plus, etc.", explique le producteur. "Dans le bio, on est quand même sur des produits qui sont en direct, avec beaucoup de main-d’œuvre, etc. Donc il y a des gens qui nous quittent malheureusement."

Du coup, la perspective d’une suppression de la TVA sur les fruits et légumes frais, ce serait plutôt une bonne idée. "Ce qu’on aimerait bien, c’est de pouvoir répercuter nos coûts de 15%, mais seulement de monter 10%. Si la TVA disparaît, ça peut être une des opportunités de monter un peu moins le prix et de garder nos clients qui sinon vont trouver des alternatives moins chères."

Les Belges dépensent en moyenne 600 € par an en fruits et légumes. La suppression de la TVA représenterait grosso modo 60 € d’économies par an. Alors une bonne affaire ? Ce jour-là en tout cas, sur ce marché bruxellois, les avis sont plutôt positifs.

"Oui, je pense que ce serait bien. Déjà parce que c’est un produit sain. Et puis ça peut donner un petit coup de pouce", réagit ce passant. "Je pense que ça aussi, ça va aider plus les gens parce qu’il y a certains fruits et légumes qui sont un peu plus chers, ça va aider beaucoup de gens à changer un peu d’avis", répond une femme. "Dans les écoles par exemple, c’est fondamental que des produits bons pour la santé soient à un niveau le plus bas possible de taxation, quitte à remonter sur autre chose", dit une autre personne.

Si au niveau du gouvernement, rien n’est encore décidé, la suppression de la TVA sur les fruits et légumes coûterait à l’État 250 millions par an.

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