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"Suprémacisme blanc" : mais quelle est cette idéologie qui tue aux États-Unis ?

epa02253544 Un sympathisant aryen américain tatoué de Pulaski, Tennessee, États-Unis, participe au rassemblement de mi-journée des nations aryennes dans cette ville le 18 juillet 2010. Le Ku Klux Klan, ou KKK, est né à Pulaski en 1865, ce qui rend la vill

© BELGAIMAGE / JIM LO SCALZO

Ce samedi, l’ex-président américain Donald Trump a dû faire face à de nombreuses critiques provenant de la Maison blanche et d’une partie de son propre camp, après voir dîné avec le célèbre rappeur Kanye West et un suprémaciste blanc, Nick Fuentes. L’ancien président s’est défendu sur son réseau social, assurant que le repas était "rapide", "sans histoire" et qu’il ne connaissait pas Nick Fuentes.

La raison de cette polémique ? Deux convives controversés mais qui le sont pour différentes raisons.

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Le premier invité, Kanye West, possible candidat à la prochaine élection présidentielle américaine, est dans la tourmente pour avoir publié des propos dénoncés comme antisémites sur ses réseaux sociaux.

Le second, Nick Fuentes, est encore plus problématique. Ce dernier est classé comme suprémaciste blanc par l’Anti-Defamation League (ADL), une ONG dont le but premier est de soutenir les juifs contre toute forme d’antisémitisme et de discrimination, étant donné qu’il diffuse les idées du suprémacisme blanc dans ses podcasts.

Toujours selon l’ADL, le jeune homme aurait également remis en cause l’existence de l’holocauste.

L'ancien locataire de la Maison blanche se serait certainement bien passé de cette nouvelle épine dans le pied, lui qui a récemment déposé sa candidature formelle à l’élection présidentielle de 2024.

Après des résultats électoraux mitigés lors des élections de mi-mandat, bien loin de la "vague géante" promise par Donald Trump, l’ancien président doit convaincre pour être le favori en 2024.

Cette énième controverse, dont Donald Trump a l’habitude, constitue une occasion de se pencher sur les suprémacistes blancs et leur idéologie.

Une histoire et une peur

En 2021, l’association américaine Southern Poverty Law Center (SPLC) recensait 733 groupes haineux, reprenant des groupes anti-immigration, néo-nazis, antisémites, …

Parmi eux, 98 groupes sont considérés par l’association comme suprémacistes blancs.

La notion de "suprémacisme blanc" n’est pas nouvelle. Elle se fonde sur la croyance que la "race blanche" est supérieure aux autres et que par conséquent, elle devrait les dominer. Au sein de cette idéologie se cache un éventail de mouvements, comme le nationalisme blanc, le séparatisme blanc, le néonazisme et le mouvement de l’identité chrétienne.

Aux États-Unis, cette notion était depuis les débuts de la nation la norme: la ségrégation était imposée par lois Jim Crows qui ont légalisé la discrimination raciale, jusqu’au mouvement des droits civiques en 1960 et la promulgation du Civil Rights Act de 1964 et du Voting Rights Act de 1965.

À partir de ce moment, tous les citoyens américains étaient censés être égaux devant la loi. Malheureusement, ce changement de législation n’a pas empêché des groupes nationalistes, racistes et suprémacistes de continuer à prôner la supériorité de la "race blanche". Et une des raisons principales qui animent aujourd'hui ces groupuscules est la peur du "grand remplacement", une théorie du complot d’extrême droite, introduite en 2010 par l’écrivain Renaud Camus et importée depuis la France. 

Cette théorie affirme qu’il existerait un processus de substitution des populations d’origine européenne par une population non européenne, notamment via l’immigration de masse.

C’est pour cette raison que plusieurs "penseurs" de la frange la plus extrême de la droite américaine, tels que Jared Taylor et Richard Spencer, soutiennent des projets "d’État ethniquement pur", censés protéger la "race blanche" de l’extinction.

Sortie de l’ombre

Avec l’élection de Donald Trump, qui a entretenu l’ambiguïté sur ses relations avec les suprémacistes blancs, il est certain que les mouvements identitaires d’extrême droite sont sortis de l’ombre. L’ex-président a été choisi comme le représentant de cette frange extrême de la population, qui voit en lui la consécration de leurs idées.

Cependant, il est important de souligner que ces groupes étaient déjà bien implantés aux États-Unis grâce à la Constitution américaine qui protège grandement la liberté d’expression.

Pour rappel, Donald Trump avait pris son temps avant de désavouer la droite alternative, ou alt-right, qui l’avait soutenue lors de son élection.

Une longue liste de victimes

Fusillade dans un supermarché à Buffalo contre des Afro-américains ; tuerie à Highland Park visant lors d’un défilé du 4 juillet ; fusillade à Colorado Springs dans une discothèque LGBT, … Rien qu'en 2022 aux États-Unis, les funestes exemples de victimes du terrorisme d’extrême droite ne manquent pas.

Selon le Congrès américain, "les suprémacistes blancs et autres extrémistes d’extrême droite constituent la menace terroriste intérieure la plus importante à laquelle sont confrontés les États-Unis".

Les chiffres confirment cette constatation. En réalité, l’idéologie d’extrême droite a fait 122 victimes depuis le 11 septembre 2001, alors que le djihadisme a tué 107 Américains, indique le site New America.

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