Belgique

"Sur le long terme, il vaut mieux investir dans le renouvelable que dans le nucléaire" estime Adel El Gammal, professeur en géopolitique à l’ULB

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Deux réacteurs nucléaires prolongés pour 10 ans. C’est en substance l’accord de principe entre le gouvernement de fédéral et Engie en vue de prolonger l’exploitation des réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3. La sortie définitive a donc été une nouvelle fois reportée en raison du contexte géopolitique international. Et pour le président du MR, il faut aller plus loin encore et prolonger au minimum 5 réacteurs. Alors dans ce contexte de crise énergétique, le nucléaire: stop ou encore ?

Sur le plateau de QR l’actu Adel El Gammal, professeur en géopolitique de l’énergie à l’ULB, se montre très clair : "Le nucléaire est nécessaire à court et moyen terme, et c’est une bonne décision politique vu le contexte actuel. Par contre, nous pouvons nous en passer à long terme avec des énergies de substitution comme les énergies renouvelables". Et pour ceux qui pensent que le nucléaire doit être une stratégie sur le plus long terme, Adel El Gammel souligne l’argument de la sécurité : "Il ne faut pas négliger le problème de sécurité lié au nucléaire. Je ne parle pas ici de la sécurité liée aux opérations mais plutôt lié à la militarisation des installations civiles nucléaires. On le voit très bien dans la guerre actuelle. Il y a aussi un risque avec la prolifération des matières fissiles, la possibilité de faire des bombes sales".

Quid des microfissures ?

Faut-il s’inquiéter des microfissures repérées il y a quelques années ? Cette question est d’autant plus pertinente alors que certains réacteurs vont être prolongés pendant 10 ans. Adel El Gammal précise que ce dossier a suscité de nombreuses discussions entre experts et les conclusions ne font état d’aucun danger pour la structure des réacteurs. Par ailleurs, sur ces deux réacteurs, l’un est arrêté et l’autre le sera en janvier 2023.

Approvisionnement en uranium

La crise énergétique nous révèle de manière cinglante notre importante dépendance par rapport à certaines ressources comme le gaz ou encore les hydrocarbures. Mais qu’en est-il par rapport à l’uranium ? Sur ce point, le professeur spécialisé dans la géopolitique de l’énergie se montre rassurant : "Notre dépendance à l’uranium est totalement différente de celle que nous connaissons avec le gaz ou le pétrole. L’uranium est abondant et relativement bien distribué sur terre. Nous pouvons nous approvisionner dans de nombreux pays aux régimes stables et démocratiques comme l’Australie, le Canada ou encore les Etats-Unis. Par ailleurs, le prix est stable et le processus de transformation du minerai est assez simple".

Petit réacteur ?

Pourquoi ne pas développer de petit réacteur ? Pour Adel El Gammal, cette technique est théorique et reste un concept sur papier. "Actuellement, il y a des dizaines de prototypes et donc pas de concurrence mais avant qu’il soit industrialisé, il faudra encore du temps et puis ces petites centrales posent toujours des problèmes en termes de déchet, de sécurité ou encore de prolifération".

 

Avenir énergétique ?

Pour Adel El Gammal, nous devons plutôt investir dans le renouvelable pour assurer notre avenir énergétique sur le long terme. "Outre les risques multiples en ce qui concerne la sécurité, outre le problème des déchets, la construction de nouvelles centrales nucléaires présentera un coût comparable voire carrément non compétitif par rapport au renouvelable. Je préfère qu’on investisse dans le renouvelable même si nous devrons prendre en compte le problème de flexibilité".

 

 

QR l'actu

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