Paris-Roubaix, c’est plus qu’une simple classique cycliste. C’est un effort surhumain. De la souffrance pendant près de six heures. De la casse aussi, des chutes et des crevaisons souvent provoqués par les 54 kilomètres de secteur pavés. Des pavés rois d’un jour qui peuvent s’avérer redoutables et piégeux. Le choix du matériel est donc déterminant pour bien les aborder.
Chez AG2R Citröen, cela s’active dans le camion des mécanos à l’approche de la reconnaissance. Vérification des vélos, contrôle des pneus, rien n’est laissé au hasard. Plus que sur n’importe quelle autre course, la préparation du matériel pour Paris-Roubaix est primordiale et nécessite quelques petits aménagements. "Cela change au niveau des sections des pneus. Sur le Tour des Flandres, on est sur des sections de 28mm alors que pour Paris-Roubaix, on passe sur des sections de 30m" détaille Laurent Denonfoux, mécano pour la formation française.
"Lors de la reconnaissance, les coureurs vont tester les deux tailles pour voir ce qui leur convient le mieux. Au niveau du poste de pilote, la plupart des gars ont une espèce de gel qui est collé sur le guidon ainsi que deux modèles au choix de guidoline."
Sur l’enfer du Nord, la hantise reste la crevaison. Pour minimiser les risques, des formations comme DSM ou les Jumbo-Visma de Wout van Aert pourraient avoir recours à un système d’ajustement de la pression des pneus. Grâce à un petit bouton installé sur le guidon, ils pourraient diminuer ou augmenter la quantité d’air dans les boyaux.
"Je pense que c’est utile même si on ne possède pas encore assez de recul sur cette technologie" poursuit Laurent Denonfoux. "Le système a son intérêt. Sur une partie asphaltée, les équipes qui en bénéficient peuvent rouler à plus de 6 bar. Dès qu’ils arrivent sur les pavés, ils peuvent dégonfler leurs pneus et le réajuster à chaque secteur."
Mais pour éviter toute crevaison ou ennui mécanique, rien de tel que de prendre le haut du pavé. "C’est la meilleure position. Si cela peut parfois mieux rouler sur le bas-côté des secteurs, cela reste dangereux car il y a un fort risque de crevaison" analyse l’ancien vainqueur Greg Van Avermaet.
Secoués dans tous les sens durant six heures, les organismes des coureurs vont être mis à rudes épreuves. Pour une partie du peloton, Paris-Roubaix reste un supplice. "J’ai autant de bons que de mauvais souvenirs sur cette course" se remémore Oliver Naesen.
"Sur mes précédentes participations, j’ai cassé tout ce que je pouvais casser sur un vélo. C’est dommage que l’on ne possède pas de vélos spécifiques pour Roubaix. Je trouve que cela devait l’être car cela reste une course particulière. Pour nous, cela reste le même vélo que sur les autres classiques. Juste la taille des pneus change. Ce serait mieux d’avoir des vélos typiques pour Roubaix parce que ceux que nous possédons ne sont pas vraiment faits pour les pavés du Nord" regrette l’ancien champion de Belgique.
Pour s’imposer sur le Vélodrome de Roubaix, il faut pouvoir compter sur le facteur chance et disposer d’un matériel parfaitement fiable en fait clairement partie.