Est-ce enfin une mesure concrète contre les nuisances aériennes de Zaventem ? D’ici trois mois, le système de redevances qui régit chaque décollage ou atterrissage à l’aéroport de Bruxelles-National va changer.
Au 1er avril, "les redevances que les compagnies aériennes versent à Skeyes pour ses services de navigation aérienne seront modulées en fonction du bruit des avions, de leurs émissions et de la distance parcourue", fait savoir Skeyes (ex-Belgocontrol), la société chargée de contrôler l’espace aérien belge, dans un communiqué paru ce mardi.
L’idée, c’est de faire payer jusqu’à 40% de redevance supplémentaire aux avions les plus bruyants et polluants. Les avions plus "verts", eux, payeront jusqu’à 25% de taxe en moins.
Skeyes fait le pari que "les compagnies aériennes seront ainsi encouragées à utiliser des avions moins bruyants et moins polluants, et les vols court-courriers seront découragés."
Tout aussi concrète soit-elle dans un dossier du survol qui fait du surplace depuis des années, cette mesure incitera-t-elle réellement les compagnies aériennes à faire des efforts ? Certains en doutent fortement.
C’est un droit à polluer
Le médiateur fédéral pour l’aéroport de Bruxelles-National fait partie des sceptiques. "C’est un droit à polluer", résume Philippe Touwaide. "Les compagnies vont continuer à venir avec des avions bruyants et polluants, mais payeront simplement plus. Le surcoût de cette taxe sera répercuté, soit sur les passagers, soit sur les commanditaires des marchandises reprises dans l’avion."
Ce que recommande le médiateur fédéral, à l’instar de plusieurs bourgmestres et parlementaires, c’est de copier le modèle de la zone de basse émission instaurée à Bruxelles depuis 2018 pour la circulation automobile.
"Dans une zone de basse émission, quand un véhicule ne peut plus venir, il ne peut plus venir. Les gens doivent trouver une alternative", argumente Philippe Touwaide. "Ce que je voulais, c’était imposer une diminution des niveaux de bruit admis à Bruxelles, donc bannir définitivement certains avions."
Occasion manquée, donc, pour le politique qui, selon le médiateur fédéral de l’aéroport, "a eu peur des réactions" de la direction de Brussels Airport,"qui a fait des pieds et des mains en disant qu’on allait tuer son outil économique."