Chewing-gum, cigarette électronique, tabac à chauffer… Les grandes marques de tabac rivalisent d’ingéniosité quand il s’agit d’attirer leur public. Avec un argument de vente : ces produits dérivés seraient soi-disant moins nocifs. Pourtant, aujourd’hui encore, le tabac sous toutes ses formes est responsable de neuf cancers du poumon sur dix.
Les marques de cigarettes sont pourtant nombreuses à vanter les mérites de leurs produits dérivés. Fin 2019, la célèbre marque de tabac Phillip Morris a même décidé de virer "smoke free". L’objectif : un monde sans fumée, avec un air plus pur et affranchi du tabagisme passif. Pour ce faire, le géant de la cigarette entend progressivement arrêter la vente de cigarettes classiques, notamment au profit de son tabac à brûler.
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"Notre objectif pour 2025, c’est d’obtenir 50% de notre chiffre d’affaires des produits non-combustibles", déclare alors Jacek Olczak, le CEO de la marque. Et si l’on en croit Phillip Morris, ce changement de stratégie semble fonctionner. L’année dernière, 25% du chiffre d’affaires de la marque provenait du non-combustible.
Le tabac à brûler
Mais ces produits sont-ils inoffensifs ? Penchons-nous sur le tabac à chauffer, le fameux produit mis en avant par la marque. Il s'agit d'une alternative à la cigarette classique, qui se consomme sans papier… et sans combustion. Cette vaporette serait donc moins nocive...c’est du moins ce qu'en dit son concepteur.
Véronique Le Ray, directrice médicale et porte-parole de la Fondation contre le cancer, est pourtant catégorique. Le beau discours de Phillip Morris n’est pour elle qu’une stratégie marketing. Certes, il n’y a pas de combustion puisque le tabac est chauffé à 330° degrés. Mais le tabac est quand même chauffé, et donc il y a libération de substances cancérigènes. "Il y a aussi des dérivés de la nicotine qui sont inhalés et la nicotine est addictive. Donc, on crée aussi une dépendance."
Neuf cancers sur dix du poumon sont causés par le tabac
"La position de la Fondation contre le cancer, c’est clairement de dire que le tabac ou le tabac chauffé, c’est nocif. Cela provoque de l’asthme, des bronchites chroniques et surtout le cancer du poumon. Neuf cancers du poumon sur dix sont causés par le tabac", ajoute la directrice médicale de la Fondation.
Les produits dérivés
Ces produits issus du tabac ne seraient donc pas "moins nocifs", comme le prétendent les entreprises de tabac. Surtout, ils entretiendraient l’addiction. "Nous sommes très durs avec l’industrie. Parce qu’on crée une addiction, et on utilise une addiction pour diversifier les produits", explique Véronique Le Ray.
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Dans le cas du processus d’arrêt de la cigarette, la directrice de la Fondation contre le cancer est alors plus nuancée. Les dérivés du tabac peuvent parfois être un outil pour se défaire de l’addiction. "La position de la fondation est très claire : non pour les jeunes, non comme outil de marketing. Par contre, pour les fumeurs qui désirent arrêter, sous la guidance d’un tabacologue, nous conseillons la cigarette électronique avec des dosages de nicotine bien contrôlés, mais dans un processus d’arrêt de la cigarette."
Journée mondiale contre le cancer du poumon
Comme nous l'explique Véronique Le Ray, en cinquante ans, la consommation de cigarette a bien diminué. Nous sommes passés de 60% à 20% de fumeurs Belges. "Mais ces 20% restent. Et c’est quelque chose contre lequel on se bat, nous voulons aider ceux qui fument et qui sont dépendants de la cigarette."
Tout enfant né après 2019 devrait pouvoir grandir sans être exposé à la fumée
Certes le nombre de fumeurs diminue, mais les méfaits du tabac restent une réalité en Belgique. Chez nous, cette substance est encore responsable de 20% des cancers.
Et parce que ne pas fumer reste la solution la moins nocive, "nous plaidons pour une génération sans tabac. Tout enfant né après 2019 devrait pouvoir grandir sans être exposé à la fumée", conclut Véronique Le Ray, directrice médicale et porte-parole de la Fondation contre le cancer