Les pays de l’UE ont décidé de se coordonner pour maintenir une présence européenne à Kaboul malgré la prise du pouvoir par les talibans, mais il faut que "les conditions de sécurité le permettent", a affirmé vendredi le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell. Le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité s’exprimait dans le cadre d’une réunion informelle des ministres européens des Affaires étrangères, à Brdo en Slovénie.
"Nous avons décidé de travailler de façon coordonnée, de coordonner nos contacts avec les talibans, y compris via une présence à Kaboul […] si les conditions de sécurité le permettent", a-t-il déclaré devant la presse à l’issue de la réunion. Cette présence a pour objectif de permettre la poursuite des évacuations des personnes souhaitant quitter l’Afghanistan, a-t-il précisé.
Consultation opérationnelle avec les talibans
Cette "consultation opérationnelle avec les talibans", selon les mots du cabinet de la ministre belge Sophie Wilmès, est une option soutenue par notre pays, elle est "inévitable". Cela ne veut pas dire qu’il y a "reconnaissance formelle d’un nouveau régime", insiste-t-elle. Il s’agira de "défendre nos intérêts et nos valeurs" et de peser pour pousser à la formation d’un gouvernement inclusif, qui sera jugé sur ses actions et non ses discours.
"Notre priorité est d’assurer un passage sûr pour les personnes qui doivent encore partir", avait communiqué Sophie Wilmès jeudi à son arrivée à cette réunion. Vendredi, elle précise que la Belgique a "fortement insisté pour une coordination européenne afin d’achever l’évacuation. Cela a été accepté". "Nous devrons également coopérer avec nos partenaires internationaux", note-t-elle via communiqué après la réunion. Le Royaume-Uni serait un "partenaire tout trouvé" dans cette optique.
A long terme, il faudrait envisager de mettre en place une "capacité consulaire" commune pour coordonner au niveau européen les évacuations lors de crises futures, estime Sophie Wilmès.
Évacuer les gens que nous souhaitons accepter
Afin d'"évacuer les gens que nous souhaitons accepter (dans l’UE, ndlr), nous avons besoin d’un engagement fort, d’un contact fort" avec le pouvoir en place, a insisté Josep Borrell vendredi. Il a aussi évoqué la nécessité de poursuivre via "une plateforme politique régionale de coopération", la collaboration avec les pays voisins de l’Afghanistan.
Mardi, à l’occasion d’une réunion de leurs ministres de l’Intérieur, les Vingt-Sept s’étaient engagés à soutenir les pays de la région dans l’accueil des réfugiés fuyant les talibans. L’UE souhaite éviter un afflux migratoire sur son sol comme en 2015, ce qui ne s’est toutefois pas produit jusqu’à présent. Le Pakistan et l’Iran accueillent les plus gros contingents de réfugiés afghans.