Belgique

Taxation des fortunes : "Une imposition directement liée au patrimoine des plus riches est beaucoup plus efficace", selon Raoul Hedebouw

L'invité de Matin Première

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Par Miguel Allo sur base d'une interview de Thomas Gadisseux via

La "Tax de Rich", ce sera le slogan de la gauche en Belgique lors de ce 1er, fête du travail. Une gauche plurielle, PS et PTB qui partageront ce même slogan. Dès lors, qu’est-ce qui les différencie ? Qui court après qui ? L’invité de la Matinale est le président du Parti du travail de Belgique (PTB), Raoul Hedebouw.

La proposition du Vooruit à propos des chômeurs de longue durée

Et à l’approche du 1er mai, la proposition de Conner Rousseau (Vooruit) a fait grincer les dents du PS. Le président du parti socialiste flamand propose que les chômeurs de longue durée (2ans) devront accepter "un job de base" sous peine de dire adieu à leurs allocations. Qu’en pense le PTB ? Pour Raoul Hedebouw : "si les libéraux avaient lancé cela, j’aurais compris. Mais qu’un socialiste balance cela le 1er mai, c’est incompréhensible".

Le président du PTB estime que c’est "vraiment symbolique d’une forme de blairiste de socialisme", référence à une troisième voie que Tony Blair (parti travailliste), ancien Premier ministre du Royaume-Uni avait ouverte, dit-il. "Une sorte de socialisme libéral". "Il va se tirer trois balles dans le pied."

On voit que ces nouveaux boulots qui sont créés, remplacent des boulots stables

Dans l’équation, rappelons que nous avons d’une part des chômeurs de longue durée qui pour la plupart n’ont plus travaillé depuis 5 ans. Et d’autre part, un nombre important d’offres d’emploi qui restent sans réponse, notamment en Flandre. Comment résoudre cette équation ?

Raoul Hedebouw décortique la proposition du président du parti socialiste flamand. "Ces travaux d’intérêt généraux, moins bien payés, sont mis en application aux Pays-Bas. On voit que ces nouveaux boulots qui sont créés, remplacent des boulots stables, des contrats à durée déterminée et payés 300 ou 400 euros en moins." Ce qui équivaut pour lui à un dumping social interne."

Une façon positive de résoudre l’équation, explique le président du PTB, serait de rendre tous les métiers en pénurie attrayants. Et il prend en exemple, le métier d’infirmière et infirmier où l’on voit que de nombreuses personnes quittent la profession. Avec des horaires qui ne sont pas évidents, un nombre élevé de patients, de mauvaises conditions de travail, "c’est ça qu’il faut résoudre". Autre exemple, le métier de maçon : "comment voulez demander à un maçon de travailler jusqu’à 67 ans ?"

Revenons aux propositions du Vooruit, le parti socialiste flamand propose un accompagnement un accompagnement dès le premier jour de chômage, notamment des formations dans le domaine digital pour réaliser un CV. "Mais en fait, tout cela existe déjà", rappelle le président du PTB. "C’est vraiment n’importe quoi. Il faut aller regarder le VDAB et le FOREM. Quand vous êtes chômeur, vous êtes tout de suite activé."

C’est toujours vers le bas que l’on tape

Pour Raoul Hedebouw, le but de cette proposition "est de stigmatiser". "Le but c’est de dire, le problème économique qu’on a c’est à cause des chômeurs, des malades de longue durée, des Wallons quand on est flamand, des Flamands quand on est wallon. C’est toujours vers le bas que l’on tape. C’est ça le problème de Conner Rousseau. Il pense qu’en courant après la droite, il va aller rechercher des voix. Eh bien non, quand on court après la droite, on perd comme parti de gauche. C’est pour cela qu’il faut remettre de vraies valeurs de gauche en avant, certainement le 1er mai."

A gauche, une mesure identique : la taxation sur la fortune

En Belgique, la gauche partage une mesure identique : "Tax the rich", la taxation sur la fortune, dont on parle depuis une vingtaine d’années. Sans réellement définir à quoi correspond le terme fortune. Dès lors, à quoi correspond cette mesure pour le PTB ?

"C’est qui les riches ?" Pour le président Parti du travail de Belgique ce sont "les 2% à 3% de la population qui ont une fortune au-dessus de 2 millions d’euros." Il ajoute : "On voit qu’aujourd’hui la Vivaldi a décidé de mettre en place une taxe sur les comptes-titres, c’est là où Paul Magnette dit : on va faire payer les riches. Mais le problème, c’est que les grandes fortunes ne mettent pas leurs actions sur un compte titre. Elles ont leurs actions nominales."

Il explique vouloir une taxe sur le patrimoine. Le PTB a d’ailleurs une proposition de loi qui dit : "une taxe de 1% au-dessus d’un million d’euros, 2% au-dessus de deux millions d’euros et 3% au-dessus de trois millions d’euros." Selon le président du PTB, cela rapporterait 7 à 8 milliards d’euros à l’État.

Une étude la KUL rapporte que 1% des Belges, les plus riches, détiennent 24% du patrimoine en Belgique. Sachant cela, quel est encore le blocage dans la classe politique pour mettre en place cette mesure ? Les lignes sont-elles en train de bouger ? "Ce qui bloque, à mon avis, parce que le PS a déjà l’impôt sur la fortune depuis 35 ans dans son programme, c’est un peu la question de ce tabou : de croire que pour être réaliste il faut plutôt, je vais dire permettre aux richesses de créer de l’économie et de la richesse supplémentaire. Or, ça ne marche pas."

Cette différence entre les actes et les paroles au PS "commence un petit peu à m’énerver". Pour Raoul Hedebouw il ne s’agit pas d’une question philosophique : "Soit on va chercher l’argent chez les plus riches, soit ce que la Vivaldi et le PS font, c’est augmenter les accises via les factures énergétiques et donc faire payer les travailleurs."

"Je crois que l’impôt sur la fortune, c’est-à-dire une imposition qui est directement liée au patrimoine des plus riches, est beaucoup plus efficace."

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