La législation belge sur le télétravail n’interdit pas le travail à l’étranger. Mais elle dresse néanmoins un cadre dans lequel évoluer. Il faut d’abord l’accord de son employeur, c’est la base. On a vu qu’ils sont souvent partants, à condition que les horaires de travail soient les mêmes et qu’ils ne subissent pas de décalage horaire. Le travailleur doit être disponible aux mêmes heures qu’en Belgique. Les entreprises exigent des outils informatiques et une connexion internet performants, il faut rester joignable, c’est la responsabilité de l’employé.e, même si le PC est fourni par l’entreprise. L’employeur doit aussi prévenir sa compagnie d’assurances afin d’éviter tout malentendu en cas d’accident du travail. A ce propos, explique Catherine Mairy, juriste chez Partena Profesionnal, "un accident qui survient en télétravail dans une location ou un hôtel à l’étranger ne sera pas automatiquement considéré comme un accident du travail. Il faut que certaines conditions soient remplies, par exemple, la signature par l’employeur et le télétravailleur d’un document précisant le lieu et la période du télétravail. En cas d’accident, on se référera à ce document. S’il est absent, il appartiendra au télétravailleur victime d’un accident de prouver qu’il s’agit bien d’un accident du travail."
Et puis, il y a des limites dans la durée. S’il veut rester soumis au droit belge, le télétravail à l’étranger ne peut pas dépasser certains caps.
Au niveau fiscal, il faut travailler au minimum la moitié de l’année en Belgique. En clair, l’employé.e qui veut télétravailler depuis l’étranger ne peut pas y passer plus de 183 jours par année civile. Si cette limite est respectée, l’employé.e sera imposé.e en Belgique sur l’ensemble de ses revenus, y compris ceux gagnés à l’étranger. Le salaire doit évidemment être payé par l’employeur belge. Sinon, si l’employé.e travaille à l’étranger pendant plus de 183 jours par an, il ou elle échappe au fisc belge et l’impôt devra être payé dans le pays en question, ce qui risque de compliquer la vie de l’employeur belge.
Au niveau de la sécurité sociale, il y a aussi une limite à ne pas franchir. Le principe général édicté par un règlement européen, c’est que ces cotisations doivent être payées dans un seul Etat, celui du lieu de travail. Que se passe-t-il quand on travaille simultanément dans deux Etats ? La personne qui travaille en partie à l’étranger y sera assujettie si elle y travaille pour au moins 25%. En clair, si plus de 25% du temps de travail a lieu par exemple en France, le travailleur tombe sous le coup de la sécu française. Une règle suspendue pendant la période covid, prolongée à plusieurs reprises mais qui devrait être rétablie dès le 1er juillet 2023.