Les Grands Chelems passent et se ressemblent pour Elise Mertens. Reine de la régularité en première semaine, la joueuse de tennis belge trébuche toutefois systématiquement, ou presque, en début de deuxième semaine. Cette nuit, après une lutte acharnée de près de trois heures contre l’Américaine Danielle Collins, la 26e mondiale a une nouvelle fois craqué aux portes des quarts de finale de l’Australian Open.
Une première semaine de rêve
"C’est triste, parce que nous étions très proches. Je voulais plus, c’est certain". Pour la troisième année consécutive, Elise Mertens s’incline au stade des huitièmes de finale à Melbourne.
Son tournoi avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices. Au premier tour, la joueuse de 26 ans est parvenue à s’extirper du piège tendu par l’expérimentée russe Vera Zvonareva (6-4, 7-5). Elle s’est ensuite montrée expéditive face à la Roumaine Irina-Camelia Begu (6-3, 6-2), avant de se débarrasser de la Chinoise Zhang Shuai, toujours en deux sets (6-2, 6-2).
Mais alors qu’elle a l’opportunité d’accéder en quarts de finale, Mertens est rattrapée par ses vieux démons. "J’ai tout donné, mais c’était un peu trop court", a-t-elle déclaré en sortie de défaite (4-6, 6-4, 6-4).
Moins présente dans les grands rendez-vous
Année | Open d’Australie | Roland-Garros | Wimbledon | US Open |
---|---|---|---|---|
2018 | 1/2 | 1/8 | 1/16 | 1/8 |
2019 | 1/16 | 1/16 | 1/8 | 1/4 |
2020 | 1/8 | 1/16 | Annulé | 1/4 |
2021 | 1/8 | 1/16 | 1/16 | 1/8 |
2022 | 1/8 | … | … | … |
Ce petit tableau reprenant le parcours d’Elise Mertens en Grand Chelem est pour le moins saisissant. Régulière au possible, la Belge s’est retrouvée à dix reprises en deuxième semaine en Grand Chelem depuis le début de sa carrière (minimum huitièmes de finale). Qui plus est, Mertens est la seule joueuse du circuit à avoir franchi les deux premiers tours d’un tournoi du Grand Chelem pour la… seizième fois de suite.
Mais c’est quand arrive le cap de la deuxième semaine que tout se complique. Sur ses 10 présences en 1/8 de finale, Mertens s’est inclinée à sept reprises.
On remarque également que la meilleure surface de la numéro 1 belge est le dur, ses performances en Australie et aux Etats-Unis en attestent.
Que manque-t-il à Elise Mertens pour aller au bout ?
Mais comment expliquer ces différents échecs ? Pourquoi Elise Mertens s’arrête-t-elle si souvent en 1/8 de finale d’un Grand Chelem ? Un manque de talent, de personnalité ? Selon notre consultant Philippe Dehaes, entraîneur de renom sur le circuit WTA, le fait de participer aux Grands Chelems en simple et en double pourrait expliquer ces défaites : "Le problème est multifactoriel. Il pourrait y avoir la gestion du double, qui puise beaucoup d’énergie, du temps et de la pression. Jouer en simple et en double, ce n’est pas facile. Et puis c’est peut-être un problème lié aux attentes. Mertens est proche des meilleures, elle se maintient à son niveau depuis un moment. Et le fait d’être constamment proche des meilleures sans parvenir à gagner, ça peut provoquer de la tension".
"Quand on voit ses statistiques (NdlR : 7 échecs en 1/8 de finale d’un Grand Chelem), c’est aussi un mur psychologique. Elle doit peut-être revoir ses ambitions à la hausse. Elle doit se dire qu’elle est capable d’aller au bout. Aujourd’hui, tout est possible dans le tennis féminin. La fille la plus en forme sur les deux semaines peut gagner. Elle doit prendre conscience de ses capacités", explique notre consultant tennis, qui exclut tout manque de motivation, "Elise a une très bonne attitude à l’entraînement, elle travaille dur. Elle est animée d’une grande motivation et d’une bonne énergie. Elle ne se satisfait pas de ce classement".
Eliminée aux portes des quarts de finale, Mertens ne devrait pas pour autant quitter Melbourne aussitôt puisqu’elle est qualifiée pour les 1/4 du double avec sa nouvelle partenaire Russe Veronika Kudermetova. Si la 26e au classement WTA a tendance à craquer lorsqu’elle se retrouve seule face à son destin, c’est moins le cas quand elle est accompagnée. En mai 2021, Mertens devient numéro 1 mondiale en double après ses succès à Melbourne et à Wimbledon, 17 ans après Kim Clijsters.