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Tennis : Leylah Fernandez et Emma Raducanu, les deux comètes de l’US Open

Emma Raducanu et Leylah Fernandez, les deux étoiles filantes de l’US Open

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Par T. Van der Linden

Elles n’ont pas même pas 20 ans, elles participent respectivement au 7e et 2e Grand Chelem de leur carrière et sont toutes les deux en demi-finales de l’US Open. Leylah Fernandez et Emma Raducanu sont en train de créer la sensation à New-York. Les deux gamines réalisent des tournois exceptionnels et pourraient se retrouver en finale. Itinéraires de deux comètes qui passent au-dessus de Big Apple.

Leylah Fernandez, une évolution fulgurante mais graduelle

Né d’un papa équatorien et d’une mère canadienne d’origine philippine, Leylah Fernandez est une enfant de l’émigration. Son père, Jorge, sent rapidement les qualités de sa fille et choisit de miser sur elle. Le duo père-fille part vivre en Floride et s’entraîne ensemble. C’est Jorge qui doit financer les voyages pour permettre à sa fille de participer aux différents tournois, parfois forcé de sauter des repas afin que sa fille ne manque de rien. "Parfois, quand il lui restait quelques frites au souper, je les prenais. À l’époque, elle n’en était pas consciente. Elle s’étonnait seulement du fait que je n’aie pas faim."

Leylah finit par passer sous l’égide de la fédération canadienne de tennis et lance sa carrière. 20e mondiale chez les juniors en 2018, elle atteint les demi-finales de Roland Garros où elle est finalement battue par Cori Gauff. L’année suivante, elle se hisse en finale de l’Open d’Australie. Quelques mois plus tard, elle s'impose Porte d'Auteuil, elle est alors 7e mondiale junior. Il est temps d’entrer dans la cour des grandes.

En juillet 2019, elle remporte son 1er ITF. 8 mois plus tard, elle dispute sa première finale dans un tournoi WTA, au Mexique, à seulement 17 ans. Là aussi, les débuts sont fulgurants. En Grand Chelem, la Québécoise prend vite l’expérience : après une élimination au 1er tour de l’Australian, pour son premier tableau final, elle réalise un 3e tour sur l’ocre parisien, déjà un exploit en soi. Toujours en 2020, elle passe un tour à l’US Open avant de tomber face à Sofia Kenin.

2021, l’année de l’explosion

Leylah Fernandez à l'US Open

Battue par Elise Mertens à Melbourne, la gauchère quitte l’Australian Open dès le premier tour. Mais elle rebondit déjà quelques mois plus tard pour décrocher, à 18 ans, son premier titre WTA, à Monterrey au Mexique.

Après des éliminations rapides à Roland et à Wimbledon. Leylah débarque à New York sans attente particulière, elle qui "n’est que" 73e mondiale. Après deux premiers tours passés sans embûche c’est lors du 3e que la sensation a lieu : elle fait tomber la 3e mondiale et double lauréate à New York, Naomi Osaka, après avoir été menée 7-5, 6-5. L’histoire est en marche.

Elle se débarrasse d’Angelique Kerber (aussi en étant menée un set à rien) puis d’Elena Svitolina, la 3e victoire face à une top 10 de sa carrière, la 2e à New York. Mais outre le tennis, elle est adorée par les fans américains pour sa simplicité et sa fraîcheur. Quand à son secret, elle le dit elle-même, c’est dû à un truc bien canadien : "Je crois que c’est le sirop d’érable. C’est très bon"!

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Emma Raducanu, l’inattendue

Plus jeune de deux mois que Fernandez, Emma Raducanu est aussi née au Canada et elle aussi est une enfant de l’immigration : fille d’un papa roumain et d’une mère chinoise. Mais Emma n’est pas Canadienne mais bien Britannique puisqu’elle grandit au Royaume-Uni, où elle débarque à ses 11 ans.

Et c’est à Liverpool qu’elle remporte son premier tournoi de tennis. Elle a alors 13 ans et se destine à taper la balle jaune comme profession. En 2018, alors qu’elle commence à performer sur le circuit junior (des quarts de finale à Wimbledon et à l’US Open), elle se lance dans le circuit professionnel et décroche deux victoires en ITF en Israël et en Turquie. On lui promet alors un grand avenir tennistique mais la pandémie mondiale vient chahuter son parcours : de février 2020 à juin 2021, elle se retire du circuit et se concentre sur ses études pendant cette période sanitairement troublée. Mais elle garde les yeux rivés sur le tennis, observant l’entrée dans le top 100 de Clara Tauson ou de Leylah Fernandez, de quoi la motiver pour qu’elle aussi réussisse à percer.

La dure gestion de la pression

De retour sur les courts en juin 2021, elle est invitée à participer au tournoi de Nottingham puis reçoit une wildcard pour Wimbledon, le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière, elle est alors 338e mondiale. Sur ce qui devient très vite son gazon, Raducanu impressionne et déroule. Elle atteint les 8es de finale, devenant à 18 ans et 239 jours la plus jeune joueuse britannique à atteindre les 8es de finales de Wimbledon dans l’ère Open. Mais dans ce match au sommet, la jeune joueuse craque physiquement. Prise de problème respiratoire et de malaises, elle est contrainte d’abandonner. Elle expliquera après : "Je jouais le meilleur tennis de ma vie devant un public extraordinaire cette semaine et je pense que tout l’enjeu m’a rattrapée". Un coup de pression après de nombreux mois sans tennis.

Mais le parcours surréaliste de l’OVNI Raducanu, presque arrivée de nulle part ne s’arrête pas là. Après une finale perdue à Chicago (WTA 125), la Britannique, 150e mondiale se présente aux qualifications de l’US Open sans la moindre attente. Elle le dit elle-même : "Je ne pensais pas être ici : mon billet retour était réservé pour juste après les qualifications (elle sourit) ! Mais c’est un bon problème à avoir. Je profite juste de l’expérience." Après trois matches sans perdre de set en qualifs, elle enchaîne dans le tableau final. Aidée par un tirage relativement abordable (pas une seule adversaire classée dans le top 40 avant les quarts), Emma passe chaque obstacle d’un simple coup de raquette. En quart, elle sort Belinda Bencic, la récente championne olympique sans difficulté. Sa 8e victoire consécutive en deux sets sur le ciment new-yorkais.

Dotée d’une couverture de terrain exceptionnelle, Raducanu s’engage dans chaque frappe comme dans sa carrière depuis juin dernier. Elle est devenue la première joueuse de l’histoire du Majeur new-yorkais à rallier les demi-finales en étant issue des qualifications, et la quatrième seulement à faire un tel parcours en Grands Chelems, après l’Australienne Christine Matison Dorey à Melbourne en 1978, l’Américaine Alexandra Stevenson à Wimbledon en 1999 et l’Argentine Nadia Podoroska l’an passé à Roland-Garros.

"En fait, je n’ai aucune idée de tous ces records", avoue Raducanu. "Je n’en avais aucune idée avant ça. Je ne suis pas ici pour chasser des records en ce moment. Je m’occupe simplement de ce que je peux faire sur le moment et sur le match à venir". La Britannique semble avoir trouvé la manière de gérer la pression des grands moments et pas sûr que quelqu’un pourra l’arrêter.

L’US Open vient en tout cas de faire naître deux nouvelles étoiles du tennis mondial qui pourrait en plus se retrouver en finale du tournoi.

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