La cheffe de l’opposition biélorusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa a comparé mercredi la situation dans son pays à la répression soviétique de 1968 contre la campagne de réformes démocratiques du "Printemps de Prague" dans l’ex-Tchécoslovaquie.
À la suite de l’élection présidentielle contestée de l’an dernier au cours de laquelle Alexandre Loukachenko a revendiqué son sixième mandat consécutif à la tête du pays, le Bélarus a connu des manifestations de masse sans précédent, réprimées violemment par la police.
Svetlana Tikhanovskaïa, qui s’est présentée contre M. Loukachenko, s’est enfuie à l’étranger après que les autorités ont arrêté des centaines de personnes participant à des manifestations et condamné de nombreuses personnes à de longues peines de prison.
Nous voyons plus de choses se produire en une seule journée que d’habitude en une décennie
"Les Bélarusses vivent maintenant des événements historiques et les forgent. Nous voyons plus de choses se produire en une seule journée que d’habitude en une décennie", a déclaré Mme Tikhanovskaya au Sénat tchèque. "Je pense que la nation tchèque connaît bien ce sentiment de par son histoire, depuis 1968", a-t-elle ajouté.
En août 1968, les armées des pays communistes sous le commandement de l’armée Rouge ont écrasé un mouvement démocratique connu sous le nom de Printemps de Prague, qui avait été une tentative de relâcher l’influence communiste exercée par Moscou sur la Tchécoslovaquie.
Mme Tikhanovskaïa, qui vit maintenant en Lituanie, a également établi un lien entre 1968 et le récent atterrissage forcé d’un avion de Ryanair à Minsk et l’arrestation du journaliste et militant biélorusse Roman Protassevitch.
"Un document rédigé par le gouvernement soviétique affirmait que les dirigeants tchèques avaient eux-mêmes invité des soldats du Pacte de Varsovie à entrer en Tchécoslovaquie", a déclaré l’opposante. "Le régime de Loukachenko dit aujourd’hui que le pilote de Ryanair lui-même a exigé un atterrissage à Minsk."
Kafka
La figure de l’opposition a également mentionné l’écrivain praguois Franz Kafka, connu pour ses romans surréalistes. "Les Bélarusses plaisantent amèrement sur le fait que si Kafka vivait à notre époque, il arrêterait d’écrire parce qu’il ne pourrait rien proposer de plus absurde que les tribunaux biélorusses", a-t-elle déclaré.
"Lorsque les lois cessent de fonctionner dans un pays, vous pouvez être emprisonné pendant un mois et demi pour la couleur de votre pantalon ou de vos ongles, et la solidarité peut devenir un crime."
Lors de son séjour à Prague, Mme Tikhanovskaïa a rencontré le président et le Premier ministre tchèques, ainsi que des Bélarusses en exil.