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Terre-en-vue : préserver nos terres nourricières…

Terre en vue

© Jonathan Bradfer

Par Jonathan BRADFER via

Aujourd’hui, notre série " le champ des possibles " porte bien son nom ! Depuis dix ans, une petite coopérative s’est donné la mission d’acheter des terres agricoles en Wallonie pour rendre possible des projets de fermes agroécologiques. Cette coopérative, c’est Terre-en-vue, une association essentielle face à la spéculation foncière dans nos campagnes.

Elle est construite sur l’épargne citoyenne, le circuit court et le respect de l’environnement. À l’heure où des fermes disparaissent tous les jours (70% des fermes en Wallonie depuis 30 ans), Terre-en-vue concrétise les rêves de jeunes porteurs de projets durables.

 

Ferme Les Arondes
Ferme Les Arondes © – Jonathan Bradfer

Pour s’en rendre compte, cap sur Profondeville où nous découvrons une vielle ferme, récemment mise en vente. Ces hectares de terres et de vieilles pierres font partie du patrimoine agricole de la Wallonie. Une richesse qui a de l’avenir pour nourrir les futures générations. C’est pourquoi Terre-en-vue vient soutenir un rêve : installer ici la ferme collective des Arondes, le rêve de 6 producteurs.trices. 


C’est là que nous rencontrons Floriane Heyden, l’une des jeunes femmes engagées dans le projet de rachat : " C’est super, les week-ends portes-ouvertes se passent bien. Les citoyens semblent enthousiastes à venir soutenir le projet. La Ferme des Arondes sera une ferme collective de 6 producteurs qui vont partager l’espace avec chacun leurs activités de production et de transformation. Nous partagerons aussi le matériel qu’on va financer en commun."
 

Ferme les Ardondes
Ferme les Ardondes © Charline de resve

Floriane nous emmène découvrir les 34 hectares de terres aux côtés de Mary Guillaume de Terre-en-vue. La coopérative soutient le projet des Arondes depuis des mois, dans l’idée de préserver le caractère nourricier de ces champs agricoles qui colorent encore la Wallonie et la région Bruxelloise.

Mais pour ce faire, il faut maintenant acheter la terre, séduire des citoyens prêts à investir et à sauvegarder ces terres en voie de disparition. "Grâce à l’épargne citoyenne, nous allons ici acquérir non seulement du foncier agricole, mais également du bâtiment agricole. Avoir les deux, c’est une grande première pour Terre-en-vue, un cap, un tournant pour préserver un outil agricole global et installer 6 jeunes agriculteurs.trices ", nous dit Mary Guillaume.

Visite
Visite © Jonathan Bradfer
Equipe d'agriculteurs

À travers sa structure de coopérative, Terre-en-vue permet à tous les citoyens d’acquérir une part de son capital social. Cette part s’inscrit dans une épargne citoyenne qui permet à Terre-en-vue d’investir dans des terres dont elle devient propriétaire pour ensuite les mettre à disposition des jeunes projets. C’est ce qu’on appelle l’économie sociale, investir son argent dans du concret, chez nous et notamment dans des projets d’impacts positifs pour la société et pour l’environnement !

Pour chaque projet, comme ici pour la ferme des Arondes, une vaste récolte de fonds est organisée. Et, manifestement, ça marche puisque Terre-en-vue compte désormais plus de 2300 coopérateurs et un peu plus de 4 millions d’euros de capital…

Si la levée de fonds se termine bien, c’est ce qui attend le joyeux collectif de la ferme des Arondes qui rêve de redonner vie à cet endroit et de nourrir la région. Pour l’instant, Floriane et ses partenaires sont installés à 20 km de la future ferme… sur le domaine d’Arthey à Rhisnes.

La Fermes les Arondes
La Fermes les Arondes © – Jonathan Bradfer

Ce n’est donc tout simplement pas rentable ! C’est pourquoi, Terre en vue intervient depuis déjà une décennie pour lutter contre la spéculation foncière qui tue les terres nourricières : " En 10 ans, c’est l’heure d’un bilan ! En une décennie, on voit que les constats qui ont poussé à la création de Terre-en-vue sont toujours d’actualité, à savoir des terres agricoles qui disparaissent et deviennent de plus en plus chères ! Mais ce qui est très positif et très encourageant, c’est qu’aujourd’hui une trentaine de fermes sont soutenues, des milliers de coopérateurs nous ont rejoints, ce sont autant de citoyens qui sont sensibilisés à la nécessité de préserver nos terres nourricières. On le voit avec le projet des Arondes, il y a des jeunes aujourd’hui qui souhaitent reprendre les terres agricoles et les fermes. Pour nous, ça fait partie des solutions face aux enjeux climatiques et alimentaires de demain !"

Avec les nombreux autres projets en cours (Le Maraîcher de Franchimont, les 3 Petits Bergers, la Bergerie de la Scayes, la Ferme du Muselbur, la Ferme du Coin2, la Ferme Lamberty, les Bergers de la Haze et la Ferme Sainte-Barbe), l’année 2022 est une grande étape pour Terre-en-vue…
 

Acheter leurs propres terres permettra d’aller plus loin dans la démarche. Comme Sébastien, le maraîcher… qui travaille la terre de manière naturelle avec le moins de machines possible : " On met beaucoup de choses en place de manière très pérenne pour organiser la culture de légumes selon les principes de l’agroécologie, du coup il faut avoir une vision à très long terme sur le lieu d’installation. Et aujourd’hui, ce n’est pas évident d’acquérir des terres pour installer un projet sur des années, pour nous et même pour les futures générations. La Ferme des Arondes nous offrira ce cadre ! "

Nourrir sa région avec de bons produits belges. C’est aussi la passion de Camille, la boulangère. Avoir sa propre ferme lui permettra notamment d’y cultiver ses céréales : " Les fermes, ça ne court pas les rues, alors on a vraiment "réseauté, fait du porte-à-porte, laisser des petits mots dans les boîtes aux lettres. Et puis finalement, nous sommes tombés sur cette famille dont les enfants ne sont pas agriculteurs et n’ont pas envie de reprendre la ferme familiale. Ils ont à cœur de transmettre leur ferme à notre projet, ce qui est une chance inouïe, d’autant qu’aujourd’hui le prix des terres est devenu indécent, on marche sur la tête ! "


Dans cette région, la terre coûte de 30 à 40.000 euros par hectare. Les agriculteurs devraient travailler 200 ans pour rembourser cet achat.

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