Issu d’un milieu hyper conservateur, Joachim Liebens est amené, un peu malgré lui, à suivre des cours de piano. À neuf ans, il accompagne ainsi son prof particulier dans une église pour une introduction à l’orgue. "Je m’en souviens comme si c’était hier ! Il a interprété une œuvre de Jean-Sébastien Bach. C’était la première fois que je ressentais réellement la toute puissance de la musique. Partant de là, j’ai fait mon chemin, en me tournant vers des choses qui s’écoutent à fond, du punk, du hardcore. Puis, je suis passé au black metal. J’étais obsédé par des groupes comme Darkthrone ou Mayhem. Je me suis procuré une guitare bon marché avec un seul objectif : jouer le plus fort possible. Je voulais disparaître sous la distorsion, m’extirper du quotidien." Éduqué à la dure, solitaire de nature, tourmenté par la vie et les codes en société, le garçon s’évade alors dans des paradis artificiels. "J’étais un ado compliqué", confie Joachim Liebens. "Mes parents m’ont donc prescrit un traitement pour m’apaiser et favoriser ma concentration en classe. Mais ça n’arrangeait rien. Au contraire, j’étais agité, insomniaque et sujet à de graves dépressions. Après cinq ou six ans, on s’est rendu compte que les pilules entraînaient des effets indésirables, comparables aux amphétamines, chez certains patients... Le sevrage s’est imposé. Mais j’étais sacrément déboussolé. Je ne me sentais nulle part à ma place. À l’école, j’avais toujours l’impression d’être menacé. Je me battais avec les autres pour un oui ou un non. Un jour, ma grand-mère m’a conseillé de garder mon poing en poche dès que l’envie de frapper se faisait sentir. Son conseil est à l’origine de "Fist In My Pocket", mon tout premier morceau."