The K. : "C'est un groupe qui vit sur la route, c'est là que l'on a grandi"

© Olivier Donnet

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Par Louise Hermant

Le groupe de noise-rock bien trempé n’attend qu’une chose : pouvoir retourner sur scène, là où le trio prend vie.

Sur la pochette de leur troisième album, un slip noir signé par les trois membres de The K. vient s’afficher en gros-plan. Un clin d’œil à l’identité du groupe. En effet, depuis quelques années, Sebastien von Landau se produit en sous-vêtement sur scène, dans un premier temps pour des raisons pratiques puis par habitude. "On était en tournée en Europe de l’Est. Il faisait extrêmement chaud. On jouait tous les soirs dans des salles où il faisait 35-40 degrés. J’ai fini par jouer en clip. Et maintenant, c’est tout le temps le cas, c’est devenu une sorte de gimmick", raconte le chanteur.

Lorsque le groupe se penche sur l’illustration de Amputate Corporate Art, le choix se tourne assez facilement vers ce signe distinctif. "Le graphiste en a fait une sorte de ready-made, un objet qu’on prend hors de son contexte et qui parle au-delà de lui-même. Pour quelqu'un qui n’a jamais vu le groupe en concert, c'est juste comique, mais pour nous, ça faisait sens d'épingler ce boxer tout flétri de six mois de tournée. " Et il faut dire que le duo en a fait des concerts. Souvent en Flandre, car le batteur rencontré sur MySpace, Sigfried Burroughs, est originaire de Gand. "La Flandre a davantage une culture alternative que la Wallonie et Bruxelles. Cela nous a permis de jouer beaucoup plus là-bas, là où il y a un public pour ce genre de musiques. La Wallonie est un petit territoire. Il n'y a pas beaucoup d'endroits pour tourner, c'est difficile d'y faire carrière, ça peut vite devenir la Foire à la saucisse ou The Voice."

The K. a joué dans une quarantaine de pays et plus d’une centaine de fois rien qu’en 2016, année de leur dernière tournée. Ils sont passé par le Canada, l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas…"C'est un groupe qui vit sur la route, qui prend toute son ampleur en live. On met toujours un soin particulier à produire les albums qu'on sort bien évidemment, mais c'est sur la route qu'on a grandi."

Pour mieux se retrouver

Quelque peu épuisés par ce rythme de vie infernal qu’ils doivent combiner avec leurs boulots respectifs, les musiciens décident de faire une pause de trois ans, après la publication de leur deux premiers albums, My Flesh Reveals Millions Of Souls (2012) et Burning Pattern Etiquette (2015). "On a tous senti qu'on devait lever le pied car on avait un peu perdu le sens des réalités. On voulait se recentrer sur d'autres projets et sur nos vies. Cette pause a été prise pour le bien être du groupe et pour revenir avec quelque chose de plus fort." Durant cette période, Sebastien von Landau, lui, se concentre sur ses autres groupes, Wyatt E. et Cocaine Piss, tandis que Sigfried Burroughs planche sur de nouvelles musiques avec Onmens et Kapitan Korsakov.

"On s'est presque téléphoné en même temps pour se dire que c'était le moment de retourner en studio. On avait des ébauches de nouvelles chansons, il était temps de se retrouver. On avait envie de faire l'album de la maturité. Une sorte de rite de passage qu'on avait envie de faire avec le groupe." Pour ce troisième disque, le bassiste de Daggers, Gregory Danger, rejoint les deux acolytes. Qui dit maturité, ne dit pas apaisement. Le trio qui n’est pas prêt de s’assagir revient encore plus punk et énervé qu’avant. Seulement, avec l’expérience, il reconnaît savoir davantage quelle direction prendre et comment canaliser son énergie.

Dépasser l’angoisse du studio

Pour Sébastien von Landau, le passage en studio a souvent été une épreuve difficile dans le passé. "Cela me stressait car je n'avais pas l'énergie du live ni le retour du public. Je me mettais beaucoup de pression. Malgré ce que l'on peut voir sur les vidéos, je suis quelqu'un d'assez introverti. En me retrouvant tout seul avec une guitare dans une pièce, j'ai l'impression de me faire juger sur chacune de mes notes." Pour ne plus revivre cette "expérience traumatisante", The K. s'accompagne d’une personne avec qui les musiciens se sentent à l’aise : Tim De Gieter (Amenra, Brutus), pour l'enregistrement.

Profitant de ce nouveau souffle, les trois compères se sont déjà remis à l’écriture de nouvelles chansons. Une manière pour eux de pouvoir aussi retrouver au plus vite la scène. Avec la sortie de Amputate Corporate Art en plein confinement, quelques dates sont passées à la trappe. "Une occasion manquée pour ce disque", confie le chanteur, qui tient à souligner être très fier de cet album. Pas de doute que The K. reviendra plus en forme que jamais après ces mois de repos forcé.

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