"L’économie ne va pas bien, mais il faut nuancer les chiffres de la Banque Nationale : les 12% de baisse d’activité ne concernent pas tous les secteurs". Thierry Bodson, président de la FGTB, invité ce jeudi de Thomas Gadisseux dans Matin Première veut solidement nuancer ce que la FEB affirme, à savoir que 97% des entreprises vont actuellement plus mal qu’avant la crise du Covid.
"La crise que nous connaissons actuellement handicape un certain nombre de secteurs : Horeca, culture, loisirs, transports et logistique mais d’autres, comme le ferreux, le non ferreux, la chimie, la haute technologie, les matériaux du bâtiment sont à un niveau comparable, voire supérieur à celui d’avant la crise", énumère Thierry Bodson.
"L’accord interprofessionnel concerne 4 millions de travailleurs, aujourd’hui 300 à 350.000 d’entre eux ont connu quelques jours de chômage temporaire, moins de 10% du nombre potentiel".
0,4%, c’est 3 centimes de l’heure
Le président de la FGTB plaide dès lors pour que le carcan de 0,4% d’augmentation salariale ne soit qu’indicatif : "0,4% c’est 3 centimes de l’heure, pour les travailleurs qui sont au salaire minimum dans ce pays, ça représente 9 euros bruts par mois pour les travailleurs qu’on a applaudi durant la crise.
A côté de cela, en Hollande, on est en train de négocier sur une marge de 4 à 5%, IGMetal, en Allemagne négocie sur une base de 4%. Le salaire minimum en Allemagne va augmenter de 11% sur les 18 prochains mois. On ne vit pas sur une île" !
Les syndicats n’ont pas claqué la porte
Pas question dès lors de rester dans ce carcan des 0,4% alors qu’on négocie pour les salaires de 2021-2022 et qu’une reprise se profile. Et Thierry Bodson souligne que les syndicats n’ont pas claqué définitivement la porte des négociations, mais qu’il y avait des éclaircissements à fournir avant d’aller plus loin.
"La marge de progression doit être différente en fonction des secteurs et de la situation. 0,4%, c’est peut-être déjà beaucoup chez les coiffeurs, dans la situation qu’ils connaissent actuellement".
Les syndicats sont dans l’attente d’un signal de la part du gouvernement : il faut venir avec quelque chose de tangible, "la diversité de situation entre les secteurs est accrue, la paix sociale risque de ne pas être garantie".
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Dans l’actualité de ces dernières heures, l’annonce par Fedex de la suppression de 671 emplois sur le site de Bierset est inacceptable pour la FGTB.
"Rappelons que ce sont des travailleurs qui ont 32-33 heures de travail, pas plus, qui travaillent la nuit […] qui se sont investis […] et il s’agit ici d’un transfert d’activités vers l’aéroport Charles de Gaulle, à Paris.
Le niveau d’activités va rester sensiblement le même et même est en augmentation, puisque Liège Airport a réceptionné une bonne partie des vaccins, une décision incompréhensible, car l’activité économique, chez Fedex ne diminue pas"!
Et cela alors qu’Ali Baba va arriver sur le site et aura besoin de handling. "Économiquement il n’y a pas de logique et puis", souligne Thierry Bodson, "l’actionnariat de l’aéroport de Paris dans l’actionnariat de celui de Liège pose un gros problème".
Est-ce un signe de ce qui nous attend : une reprise économique synonyme de réorganisation ? Sans doute, mais Fedex n’est "pas le bon exemple. Je pense que la façon d’éviter ce scénario, c’est de faire en sorte que lorsque l’activité économique reprendra […], les mesures d’accompagnement et de soutien soient en diminution progressive et pas simplement coupées au couteau, d’une date à l’autre".