Thierry Luthers partage ses "Souvenirs, souvenirs" dans un livre sur ses 42 ans de carrière

Thierry Luthers laissera un grand vide dans le journalisme sportif et le divertissement. Mais ce vide sera déjà en partie comblé pour le public par ses nombreux souvenirs compilés dans une autobiographie qui paraît ce 26 avril aux Éditions Luc Pire.

Cette date coïncide donc avec sa retraite du monde médiatique. "Je boucle la boucle au moment où je pars après 42 ans et comme j'ai eu une vie professionnelle assez riche et variée, j'ai pensé partager cela avec les lecteurs, qui sont des auditeurs et des téléspectateurs. J'ai finalement eu 3 vies professionnelles, même si on en connait que deux : j'ai quand même eu une carrière artistique que les gens connaissent peu ou pas, et puis une carrière dans le divertissement et enfin dans le sport. Cela m'a permis en plus de me remémorer des bons moments. On dit parfois qu'on écrit aussi des souvenirs pour se faire plaisir, je crois que ce n'est pas tout à fait faux" justifie le journaliste de 63 ans.

"On a tous en nous quelque chose de Thierry" chantaient ses collègues Manuel Jous et Eby Brouzakis pour son dernier match de football en tant que commentateur. Cette phrase sonne sans doute juste pour le large public qui a regardé et écouté religieusement l'animateur à travers ses analyses sportives et ses différentes émissions. "Je suis un peu transgénérationnel vu la longévité de ma carrière médiatique" reconnaît-il, conscient que Souvenirs, souvenirs parlera à toutes les générations.

Triple carrière mais aussi triple hommage. Souvenirs, souvenirs honore aussi sa ville de Liège, ses deux amis disparus Pierre Rapsat et Raymond Arets, ainsi que son frère, le regretté Philippe Luthers.

Pour le musicien, décédé il y a tout juste 20 ans, Thierry retient de lui "un immense artiste qui malheureusement n'a pas eu la reconnaissance francophone qu'il aurait méritée, et humainement un type vraiment très attachant, très humain, drôle, très sensible".

"En l'espace de 5 années j'ai perdu 3 amis très chers dont mon frère et Raymond Arets, mon papa professionnel dans le sport" résume le journaliste sportif qui ne garde que "du plaisir et du bonheur de voir Philippe vivant en télévision".

"Après un long travail de deuil on ne garde finalement en mémoire que les bons moments et les émissions de télévision avec lui ne sont que des beaux moments" ajoute-t-il.

Autre hommage personnel dans son livre, il est adressé à Pierre Meyer, l'homme qui a lancé sa carrière dans le divertissement.

Difficile d'ailleurs pour Thierry Luthers de retenir une grande rencontre en 42 ans de carrière dont une vingtaine à la présentation notamment de Grain de Sable, Billets doux ou bien sûr Copie conforme.

L'ancien animateur a particulièrement été marqué par sa rencontre avec Jean Rochefort mais encore plus avec Serge Gainsbourg, très accessible avant et pendant l'interview, qu'il décrit largement dans son livre. "L'épisode avec Gainsbourg est gravé dans ma mémoire de manière indélébile parce que cela a été quand même un moment un peu surréaliste et hors du temps. C'est le plus grand moment de ma carrière dans le divertissement. Dans le sport aux Jeux Olympiques il y a quand même de grands moments émotionnels parce que le direct à la radio c'est quand même beaucoup d'émotion. J'ai eu la chance de connaître des grands champions belges".

Il retient sur ce plan deux moments d'anthologie tant sportive que radiophonique : la médaille d'or à la hauteur de Tia Hellebaut en 2008 à Pékin, et le but de Sinan Bolat contre l'AZ Alkmaar en Ligue des Champions l'année suivante.

Enfin, sa "dernière grande rencontre" s'appelle Jérôme de Warzée qui signe d'ailleurs la préface de son livre. "Le Cactus a été une aventure formidable qui m'a donné beaucoup de visibilité. J'ai vraiment sympathisé avec Jérôme à la période où je faisais la rubrique sport du lundi dans Le 8/9. Et puis last but not least, il a une plume exceptionnelle. Tant qu'à faire autant prendre une bonne plume pour écrire une préface qui plus est amicale et brillante".

Thierry Luthers se penche aussi sur ses multiples passions dans cet ouvrage.

On retrouve notamment sa 'rencontre' avec celui pour qui il voue un culte, Johnny Hallyday. "Le concert du 9 septembre 1976 (NDLR : au Country Hall du Sart Tilman) a été une sorte de déclic. Depuis, je suis un très très grand fan de Johnny et le fait de ne plus le voir sur scène c'est ce qui me manque le plus" confie-t-il.

L'autre grande passion de Thierry, c'est la taphophilie. Cet enthousiasme pour les tombes des Belges célèbres et moins célèbres est avant tout purement d'intérêt historique. Tantôt chanteur, tantôt journaliste sportif ou même... acteur - comme il le dévoile dans son livre -, le bientôt retraité est avant tout diplômé en Histoire.

Le lien direct entre ses études et son métier constitue d'ailleurs son seul regret sur sa carrière. "Je n'ai qu'un seul regret, c'est de ne pas avoir pu animer une émission historique. J'avais remis un projet mais qui a été un peu snobé si j'ose dire à l'époque. J'aime bien raconter des histoires, je trouve que commenter un match de foot à la radio a un petit côté conteur et comme j'ai une formation d'historien, je n'aurais pas trouvé cela incohérent de le faire" dévoile-t-il. Il espérait une émission en relation étroite avec ses 6 ouvrages sur les cimetières, mais sur "sur les gens, pas du tout sur les tombes et l'art funéraire", à savoir "des mini-biographies d'inconnus connus, de Belges qui ont eu une vie incroyable ou une invention particulière". Il tempère toutefois : "Mais cela ne s'est pas présenté, ce n'est pas très grave. J'ai eu une vie professionnelle relativement riche".