Plus largement, Thierry Michel constate, dans le concert entre pays, un décalage flagrant entre ce qui se passe au Congo et en Ukraine. " En Ukraine on est déjà dans les enquêtes ; on a déjà ciblé les criminels, commencé des procédures judiciaires, pris des sanctions. Au Congo, après 25 ans, rien de tout ça. C’est la loi de la confidentialité. Les Nations Unies ont une liste des présumés criminels de crimes de guerre, de crimes contre l’Humanité les plus atroces. Mais elle est secrète. C’est invraisemblable. C’est comme si on disait, 25 ans après la guerre 40-45, qu’il y a le secret sur les criminels nazis (alors qu’il y avait eu des procès comme celui de Nuremberg). Ici, rien de tout cela. Pas de procès internationaux ". Et ce, " alors qu’on sait que ce conflit est un conflit international " explique Thierry Michel. Plusieurs pays limitrophes sont ainsi venus occuper une partie du territoire congolais, " mais aussi se faire la guerre ". Le cinéaste explique ainsi que le Rwanda et l’Ouganda se sont déchirés pour prendre des mines de diamants de la région de Kisangani. " Des milliers de civils sont morts. Six mille bombes sont tombées ".
C’est la loi de la confidentialité
Depuis quelques mois maintenant, les violences reprennent dans l’Est. Ce qui ne surprend pas Thierry Michel. " Puisqu’évidemment, personne ne réagit ". " Tout le monde sait, c’est certifié que des troupes rwandaises occupent une partie de l’est du Congo sous couvert d’une rébellion, appelée le M-23. Et on attend des diplomaties, et notamment de la diplomatie belge, une position claire et nette de dénonciation de cette occupation. Comme on le fait pour l’Ukraine ".
Une situation pacifiée que le réalisateur appelle de ses vœux. " Il faut d’abord que les Congolais prennent conscience des enjeux qui sont ceux de leur pays, pourquoi il y a ces guerres et ces massacres. Et aussi qu’il y a des amis et des " vrais " amis… "
Le film " L’Empire du silence " est à retrouver ce soir à partir de 20h25… sur la Une.