Le gouvernement fédéral a décidé, vendredi soir, de prolonger deux réacteurs nucléaires au-delà de 2025. Les réacteurs de Doel 4 et de Tihange 3 resteront en activité dix années de plus. A Tihange et à Huy, où la centrale nucléaire joue un rôle important dans l’économie locale, les réactions sont plutôt positives, même si pour certains, l’arrêt définitif de la centrale aurait été préférable.
"Une bonne nouvelle" pour l’emploi et pour l’économie locale
Au premier rang des personnes satisfaites de la prolongation pour dix ans de l’un des réacteurs de Tihange, figure le bourgmestre. Eric Dossogne, PS, ne s’en cache pas, "c’est une très bonne nouvelle". "Déjà pour l’emploi, pour les travailleurs de la centrale nucléaire", précise-t-il. Et d’ajouter : "Puis, aussi, pour l’approvisionnement du pays et pour maintenir une énergie nucléaire à des prix corrects pour l’ensemble des consommateurs."
Il convient aussi de préciser que la centrale de Tihange est une source importante de recettes pour la commune de Huy. Bon an, mal an, ce sont, jusqu’à présent, environ 15 millions d’euros qu’Engie-Electrabel verse à la ville de Huy, de quoi aider la ville dans la gestion de sa dette. La fin du nucléaire représentait un défi pour les finances communales hutoises. Si la prolongation d’un réacteur se déroule comme prévu par le gouvernement, voilà une période de dix ans supplémentaires qui s’offre à Huy pour trouver des revenus alternatifs.
Des citoyens hutois satisfaits
D’ailleurs, du côté des commerçants hutois ou des habitants de la ville, beaucoup n’hésitent pas aujourd’hui à se dire satisfaits de la nouvelle. "Cela va permettre de continuer dans la direction qu’on a actuellement, celle d’une économie dynamique", réagit un commerçant. "Surtout parce que les personnes qui travaillent à la centrale de Tihange consomment local et touchent, du coup, à tous les secteurs", ajoute-t-il.
"Je suis Hutois, c’est une bonne chose. Je connais des gens qui travaillent à la centrale", explique un autre habitant. "Je pense que c’est une bonne chose parce que, pour le moment, on n’a pas d’alternatives qui fonctionnent aussi bien", réagit un autre habitant rencontré dans la rue. "Tant qu’on n’a pas de solutions plus durables, c’est pas plus mal, parce qu’on nous demande de faire beaucoup de choses avec l’électrique, dont les voitures", explique une habitante.
Un autre habitant est plus nuancé. "Il faut peser le pour et le contre", explique-t-il. "Cela peut-être mauvais pour les générations plus tard, ça peut laisser des soucis, mais on a besoin de ça pour faire fonctionner la vie. Tant qu’il n’y a pas d’alternatives, on ne peut pas s’en priver", conclut-il.
Et il y a ceux qui sont contre la prolongation
L’avis des Hutois n’est évidemment pas unanime. A l’opposé de ceux qui se réjouissent ou se disent que c’est une décision nécessaire, il y a ceux qui auraient préféré voir les réacteurs de Tihange s’éteindre tous dès 2025 parce que le nucléaire les inquiète.
"Personnellement, je pense que le nucléaire est dépassé. Il y a d’autres solutions au niveau de l’électricité", explique une habitante de Huy.
"Je pense qu’il faut arrêter tout de suite. Cela a fait son temps", explique une autre. "Déjà comme ça, on est assez inquiets avec le stockage des déchets nucléaires qui va se faire sur le site, ici", poursuit-elle.
Ecolo-Huy se rallie à la décision
Du côté du parti Ecolo, à Huy, on adopte, en toute logique, discours que le parti tient au fédéral. En raison des circonstances internationales, on se rallie à la décision.
La prolongation d’un réacteur de Tihange est ainsi devenue une nécessité, une étape de plus à franchir sur le chemin du 100% renouvelable. "L’objectif d’Ecolo a toujours été la transition énergétique vers le 100% renouvelable. C’est cela notre objectif, c’est à ça qu’on travaille", réagit Rodrigue Demeuse, conseiller communal Ecolo et député wallon. La sortie du nucléaire reste "un moyen pour arriver" à cet objectif de 100% renouvelable, mais "aujourd’hui, la situation internationale impose d’être pragmatique, de revoir le calendrier de sortie. C’est à cela qu’on a été contraint de travailler", reconnaît le conseiller communal et député Ecolo, pragmatique.
Pendant 10 ans de plus, donc, un panache blanc, visible à des dizaines de kilomètres à la ronde devrait continuer à sortir de la cheminée de Tihange 3.
