Tine De Caigny : derrière Tessa Wullaert et Janice Cayman, la machine à buter des Red Flames

En Belgique, De Caigny travaillait à mi-temps dans un magasin de sport. Depuis sa signature en Bundesliga, elle est full professionnelle et s’entraîne deux fois… par jour. Avec Hoffenheim, elle a livré une longue saison, vu la présence aussi en Champions League.

" Je me sens bien, j’ai bien bossé en préparation : mentalement et physiquement, je me sens au top. Mais c’est vrai que je n’ai pas encore joué à mon vrai niveau dans cet Euro. Contre l’Islande, j’étais moyenne et contre la France j’ai surtout dû défendre. Avec les Flames, ma position m’oblige à beaucoup courir et je ne touche pas beaucoup de ballons : j’espère que ça va s’améliorer. Déjà contre l’Italie ! " (sourire)

Alignée en pointe, en sorte de 9,5, Tine De Caigny mange les kilomètres. Mais elle attend toujours d’allumer sa première mèche dans cet Euro.

" Tine est une jeune femme très discrète, c’est vraiment une joueuse qui se met au service de l’équipe, sans allures de star " explique Cécile de Gernier, ex-Red Flame et consultant RTBF. " Elle court beaucoup pour le collectif : sa grande taille (NDLA : 1,80 m) lui permet d’être décisive dans le jeu aérien, d’autant qu’Ives Serneels l’aligne dans une position avancée. Elle doit fatiguer la défense adverse et créer des brèches pour les infiltrations de Tessa Wullaert, Elena Dhont et Janice Cayman. Mais je la préfère dans un rôle plus médian, où elle serait plus en contact avec le ballon : pour moi, c’est un vrai 8, doté d’un gros volume de jeu. "

Soulier d’Or 2021, De Caigny a joué dans les équipes masculines jusqu’à 16 ans et s’est expatriée très jeune. À 18 ans, elle a rejoint pour quelques mois les… Norvégiennes de Valerenga.

" L’expérience a tourné court car l’entraîneur qui m’a fait venir, le Belge Davy Brocken (NDLA : ex-joueur du Lierse, d’Anderlecht et du Standard), s’est fait très vite limoger. Mais j’ai beaucoup appris : on partageait la même maison avec plusieurs équipières, mais je me souviens surtout du coût de la vie ! Je n’allais qu’une fois par semaine faire des courses… et je me limitais à acheter à manger tellement tout était cher… "

En Norvège jadis, en Allemagne aujourd’hui, la Waeslandienne fait donc l’expérience du professionnalisme. La Belgique reste à la traîne.

" C’est vrai que quand on voit le salaire des hommes et ce que nous on touche, il y a un côté absurde… On s’entraîne autant qu’eux… mais nous, on devra travailler après notre carrière ! (clin d’œil) Mais l’argent n’est pas ma priorité : quand je signe dans un club, je choisis toujours le projet sportif et le temps de jeu. Dans tous les pays, le marché du foot féminin grandit : chez nous aussi, la télévision commence à montrer les matches. La Fédération pousse pour que ça bouge, certains clubs comme Anderlecht, Bruges et Genk investissent… mais ça prendra encore du temps. Si, nous les Flames, on doit être plus revendicatrices ? Vous savez, on ne négocie pas devant les caméras : on le fait en interne. Mais il faut que les sponsors suivent pour créer un marché. Patience… "

Face à l’Italie, les Flames disputent donc un match qui va bien au-delà des 90 minutes sur le pitch. C’est un peu le futur du foot féminin belge qui se joue.

" Ça m’arrive parfois de visualiser mes matches avant de les jouer " reprend De Caigny. " Je m’imagine les plus beaux scénarios. J’espère qu’on va gagner ce match : 1-0, 2-0, peu importe… du moment qu’on le gagne ! On doit essayer de répéter notre prestation contre la France : défensivement on était bien en place… mais on doit faire mieux offensivement, créer plus d’espaces et d’occasions. On a tout en mains pour passer au 2e tour : on doit jouer comme d’habitude et aller à fond sans se mettre la pression. Mais c’est vrai que ne pas atteindre les quarts de finale serait une très grosse déception… "