Lorsqu’on joue en ligne, il n’est pas rare de se faire insulter via le chat vocal ou par écrit, par ses coéquipiers provisoires. Et c’est encore pire lorsqu’on est une femme comme le démontre encore la récente vidéo de Women in Games Argentina intitulée "SWITCH VOICES".
Dans une vidéo postée sur YouTube, Women in Games Argentina a remis un coup de projecteur sur la manière dont les femmes sont traitées sur des jeux vidéo en ligne. Women in Games est une société d’intérêt communautaire (forme juridique issue d’Angleterre) qui vise à encourager les femmes à rejoindre l’industrie du gaming et à défendre leurs intérêts.
Dans cette vidéo, des joueurs professionnels de Valorant se font passer pour des femmes en modifiant leur voix via un logiciel.
Valorant est un FPS basé sur le jeu d’équipe. Dans ce jeu particulièrement stratégique et rapide, la communication est très importante d’où la présence d’un chat vocal même lorsque l’on joue avec des inconnus. Malheureusement, ce chat vocal rend possible beaucoup plus de toxicité puisqu’il est également très difficile à modérer.
Comme on peut le voir dans la vidéo, lorsqu’ils communiquent avec leur voix féminine ils se prennent presque systématiquement des insultes. Les joueurs témoignent ensuite, confiant leur frustration et leur colère. Ce qui était un jeu n’a plus rien d’amusant et même leurs performances s’en retrouvent affectées : ils font systématiquement de moins bonnes parties lorsqu’ils utilisent le modulateur de voix.
Un phénomène bien documenté
Ce n’est malheureusement pas un phénomène nouveau, et les exemples sont nombreux sur les réseaux sociaux. Encouragés par l’anonymat relatif d’un pseudo en ligne, les joueurs les plus toxiques n’hésitent pas à se lâcher… Quand un homme peut se faire "flame" (injurier) parce qu’il est mauvais au jeu, une femme essuiera presque toujours des remarques qu’elle gagne ou qu’elle perde, juste parce que c’est une femme. Elles sont d’ailleurs nombreuses à utiliser des pseudonymes masculins ou à éviter d’utiliser le chat vocal pour avoir la paix.
Plus tôt dans l’année, Apeks, une équipe Esport norvégienne, a sorti une vidéo similaire où un joueur professionnel de Counter-Strike emprunte le compte d’une joueuse et utilise également un modulateur de voix. Cette vidéo a ensuite été traduite en français par Culture Pub.
Les éditeurs de jeux vidéo prennent d’ailleurs ce problème de plus en plus sérieusement : il y a quelques semaines, Riot Games (League of Legends, Valorant) et Ubisoft (Asssissin’s Creed, Rainbow Six : Siege) annonçaient s’allier pour le programme "Zero harm in comms". En mettant leurs ressources en commun, ils espèrent notamment créer une IA (intelligence artificielle) assez perfectionnée pour prévenir les comportements toxiques en ligne.
Le rôle des compétitions féminines
Si l’on peut considérer les jeux vidéo et l’esport comme des disciplines "mixtes", dans la réalité, la très grande majorité des joueurs professionnels sont des hommes. Les plus grandes compétitions sont presque toutes exclusivement masculines et des "compétitions féminines" sont créées en marge pour permettre aux femmes de participer à des tournois.
Si pour certains, créer des compétitions exclusivement féminines n’aide pas les femmes à s’intégrer dans les tournois principaux, c’est en réalité une étape nécessaire pour leur inclusion. Entre autres, grâce à ces circuits les joueuses vont pouvoir s’identifier à des professionnelles, créant peut-être de nouvelles vocations.
Sur Valorant, le circuit féminin s’appelle "Game Changers" et sa cagnotte totale est de 500.000 dollars soit la moitié de la cagnotte du circuit principal "Valorant Champions".