Les Classiques

Tour des Flandres 1923 : Henri Suter, vainqueur parti 2 minutes après tout le monde, entré dans l’histoire à plus d’un titre

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Ils sont 10. 10 dans l’histoire du cyclisme à avoir accroché le plus bel achèvement des classiques flandriennes : dominer l’ensemble de ses adversaires pour s’imposer la même année sur les deux courses pavées les plus prestigieuses du calendrier et s’offrir le doublé Tour des Flandres / Paris-Roubaix.

Le premier d’entre eux s’appelait Heiri (Henri) Suter et a réalisé cet exploit il y a 100 ans. Un fait d’armes historique, à bien des égards. Retour sur la première partie de son exploit, avec la victoire sur le Tour des Flandre 1923.

Le 18 mars 1923, c’est sur un parcours pavé mais relativement peu accidenté que le Suisse remporte la première manche de son diptyque. Parti de Gand, le peloton passe par Bruges, Heist, Ostende, Thourout, Roulers, Iseghem, Courtrai, Renaix avant de revenir au vélodrome de Gand par Ninove et Hekelegem. Ils sont 85 au départ. La plupart des as de l’époque sont là, à part ceux de l’équipe JB Louvet (qui comprend les frères Pélissier et le Belge Léon Devos, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 1919) qui préfèrent se concentrer sur Paris-Roubaix.

L’affiche n’en est pas moins intéressante avec les cadors Belges comme Louis Mottiat (Double tenant du titre sur Liège-Bastogne-Liège), Hector Heusghem (Deuxième du Tour de France en 1920 et 1921), René Vermandel (champion de Belgique en titre, vainqueur de l’épreuve en 1921), Emile Masson (3e de Paris-Roubaix en 1922), Albert Dejonghe (tenant du titre sur l’enfer du nord) ou Jules Van Hevel (vainqueur du Ronde en 1920). Ils sont entourés par les champions étrangers venant du Luxembourg (Nicolas Frantz), de Suisse (Henri Suter et Kastor Notter), des Pays-Bas ou de France.

Kastor Notter et Heiri Suter, 1923
Kastor Notter et Heiri Suter, 1923 © ullstein bild – RDB

Le départ à 7h30 du pont d’Evergem. Le temps est sec mais froid et relativement venteux. Les conditions ne posent pas de problème dans la première partie de course car le vent est de dos. Cela permet un départ très rapide. Ce qui fait qu’à Bruges, ils ne sont déjà plus que 30 en tête. Les ennuis mécaniques sont nombreux, certains favoris sont souffrants, comme Hector Heusghem.
Le vent joue pleinement son rôle à l’abord des côtes. Le peloton se casse en plusieurs éventails. Un ennui mécanique à cet endroit est extrêmement handicapant. C’est ce qui arrive au Belge Charles Deruyter, victime de 3 crevaisons, qui accuse 7 minutes de retard sur la tête à Ostende. Mais le solide coureur parvient à refaire son retard sur l’avant de la course au forceps. Il rentre près de Thourout. Le retour dans les terres permet un regroupement des favoris.

Du groupe de tête, assez compact durant toute la course, se dégage Henri Sutter après le ravitaillement d’Hekelgem. Le Suisse est suivi par 11 coureurs. Peu après, il place une seconde attaque et il ne reste que 3 hommes avec le champion de Suisse : Dejonghe, Van Hevel et Deruyter.

Dans le final, Jules Van Hevel, qui vient de courir les 6 jours, cède du terrain. Ils sont donc que trois à se présenter dans le vélodrome, où Sutter s’impose relativement facilement devant son coéquipier Charles Deruyter.

Tour des Flandres 1923 : Victoire d'Henri Suter

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Un vainqueur parti avec… 2 minutes de retard !

Le journal français L’Auto indique dans son édition du 19 mars 1923 qu’Henri Suter a connu des ennuis mécaniques dès le départ. Il a dû changer de boyau sur la ligne. Il est parti avec 2 minutes de retard sur le peloton et a été contraint de cravacher pour rejoindre les coureurs, partis à vive allure. Il ne les rejoindra que "très loin, après une course toute de courage et d’énergie". Le Suisse est pointé avec le groupe lors du passage à Ostende, mais lors du pointage à Bruges, il était encore en chasse pour revenir sur les autres favoris souligne de son côté Fernand Germain, pour Le Soir.

Une victoire historique

Pour sa 7e édition, le Tour des Flandres voit enfin un étranger s’imposer. Le fait vaut la citation car Henri Sutter est le seul étranger à remporter la course entre 1913 et 1948. Il faudra attendre 87 ans pour revoir un autre Suisse, Fabian Cancellara, franchir la ligne du Ronde en vainqueur.

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