Santé & Bien-être

Tourisme dentaire : choisir entre des prix avantageux ou la proximité

Faire 2.000 km pour faire soigner ses dents?

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Les soins dentaires coûtent cher quand ils ne sont pas remboursés par la mutuelle ou une assurance complémentaire. Des soins impayables pour de nombreux Belges. Depuis longtemps, des pays comme la Hongrie, la Roumanie ou la Turquie proposent des soins de 50 à 60% moins chers qu’en Belgique. De plus en plus de citoyens se tournent vers ce genre de solution. Avec quels résultats ?

Une nouvelle dentition au prix d’une voiture

Chantal Poppe est une enseignante retraitée toujours dynamique. Quand, l’année dernière, son dentiste lui annonce le devis pour la reconstruction de sa dentition, elle s’étrangle : 25 mille euros. "C’était excessif", raconte-t-elle, "pour moi, 25 mille euros, c’est le prix d’une voiture". Elle se met à faire des recherches sur Internet.

Sur l’un des sites, un pop-up apparaît et un commercial lui propose de prendre contact. Fonceuse, Chantal accepte. "Il me présente une clinique à Bucarest, en Roumanie, leurs succès, de belles photos et des vidéos de témoignages très positifs". Cela pourrait être une arnaque mais Chantal va se laisser convaincre.

Un accompagnement décisif

Son expérience est tellement concluante que cette année, c’est son mari Joël qui met le cap sur Bucarest en cette fin de printemps. "Je profite de l’expérience de mon épouse", reconnaît Joël Mosbeux, lui aussi enseignant à la retraite. Il doit recevoir 5 implants avec couronnes et 4 couronnes sur d’autres dents. Les interventions seront prodiguées en deux fois une semaine, espacés de plusieurs mois.

L’argument qui a définitivement convaincu le couple, c’est le suivi pré — et postopératoire par un dentiste belge. Peu de cliniques étrangères le proposent et le manque de suivi peut s’avérer catastrophique. Une infection ou un rejet d’implant ne sont pas rares et le patient se retrouve dépourvu à deux mille kilomètres du lieu où il a été opéré.

De Seraing à Bucarest et retour

C’est dans un cabinet dentaire de Seraing que le patient a son premier contact concret. Giuseppe Pullara reçoit chaque jeudi les candidats au départ pour Bucarest ou . "J’effectue une radio panoramique et j’évalue l’ensemble des soins nécessaires", explique le dentiste référent de la clinique New Dentaire. Tant Chantal que Joël sont passés par son cabinet. "Je suis devenu le dentiste référent par hasard", raconte Giuseppe Pullara.

"Un patient qui ne pouvait pas payer ses soins m’a demandé si j’acceptais de le soigner s’il allait se faire opérer en Roumanie. J’ai accepté". La clinique lui a ensuite demandé d’accompagner d’autres patients. "Aujourd’hui, j’assure le suivi de patients qui viennent de partout, de Bruxelles, de Paris, de Flandre, de Luxembourg, des patients qui, de toute façon, ne viendraient pas chez moi ou chez un autre confrère pour des raisons économiques".

Des frais incompressibles en Belgique

Marc Nacar à propos du tourisme dentaire

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Des prix de 50 à 60% moins chers que dans les cabinets dentaires belges s’expliquent aisément. Marc Nacar est dentiste à Uccle, et l’ancien président de la société de médecine dentaire. Il emploie 15 personnes, de l’assistan.te dentaire, à la secrétaire, en passant par le prothésiste, le et la dentiste. "Un salaire d’assistante dentaire me coûte 3 mille euros bruts. En Roumanie, c’est mille euros. Idem pour les loyers, et bien sûr les taxes". Ces coûts sont incompressibles.

Il reçoit parfois des patients dont les interventions à l’étranger ont mal tourné. "Nous ne refusons jamais de soigner un patient, bien sûr, mais parfois les dégâts sont tels qu’il faut tout refaire". Marc Nacar défend la proximité des soins : "il y a des bons et des mauvais praticiens partout, l’important c’est la relation de confiance entre le patient et son dentiste, idéalement le plus proche de chez lui, car nous avons une responsabilité sur les traitements que nous faisons". Il assure qu'il y a toujours moyen de s'arranger financièrement, ne fut-ce qu'en étalant les paiements. 

Le dentiste ucclois plaide également en faveur de la planète. Il dénonce les trajets en avion uniquement pour se faire soigner les dents, alors que la tendance est au localisme.

Une formation européenne

A Bucarest, Joël Mosbeux vient de subir sa première opération. Il a fallu procéder à une greffe d’os, ce qui n’avait pas été prévu. Pas de quoi décourager l’enseignant à la retraite : "tout s’est bien passé, je dois attendre plusieurs mois pour s’assurer de la cicatrisation, avant de procéder à la suite". Avant les consultations, Joël a l’occasion d’échanger avec d’autres patients, belges et français. Leurs retours sont positifs. Pour certains, c’est déjà le deuxième séjour. La clinique propose un logement proche, un studio tout équipé, inclus dans le forfait selon les soins à effectuer. Les billets d’avion sont à payer séparément.

Le dentiste principal Cosmin Teasdale supervise chaque intervention avec les chirurgiens spécialistes. Il a l’avantage, pour les patients francophones, de parler français, comme tout le personnel de la clinique. Ce dentiste roumain a étudié et travaillé à Londres pendant 10 ans. "60 mille médecins et infirmières roumains travaillent en Europe, je suppose donc que l’on nous considère comme très compétents. Ma clinique n’est pas la moins chère mais nous voulons être les meilleurs, avec du matériel de haute technologie". Et en Roumanie, comme ailleurs, il y a des professionnels sérieux et d’autres qui le sont beaucoup moins.

Tout le monde n'est pas à l'aise, loin de chez lui, pour recevoir des soins. C’est au patient de faire son choix, en toute connaissance de cause.

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