Je pense qu’il faut se décider à un moment de passer le cap dans les prochaines semaines
Dans le cas où le port du masque ne sera plus obligatoire, les experts s’accordent à dire que les personnes âgées, celles qui souffrent de comorbidités, ou les personnes qui prennent des médicaments les rendant plus fragiles par rapport aux infections ont intérêt à continuer de conserver ce geste barrière dans les transports en commun. Une certitude, les chiffres publiés par Sciensano sont en constante diminution. Un constat qui conforte l’épidémiologiste Yves Van Laethem dans l’idée d’envisager pour la population de ne plus rendre obligatoire le port du masque dans les transports en commun : " Au vu de l’évolution de l’épidémie, au vu de l’absence de nouveaux variants problématiques, du printemps qui est bien installé, on voit assez bien les transports en commun ne plus nécessiter l’emploi d’un masque malgré le fait que ça reste un endroit où les gens se rencontrent et que c’est un endroit confiné. Mais en sens inverse, avec une situation où il y a toujours du virus qui circule mais moins qu’avant, pas spécialement agressif, ouvrir des fenêtres des transports en commun est beaucoup plus facile maintenant que durant l’hiver. Avec la consigne de ventiler le mieux possible, je pense qu’il faut se décider à un moment de passer le cap dans les prochaines semaines ".
Code jaune et relâchement
Depuis le passage au code jaune, un relâchement au sein de la population se constate au quotidien. Preuve en est le nombre croissant d’usagers des transports en commun qui ne portent plus le masque. Autre indicateur de ce relâchement, le nombre de personnes qui se font tester est également à la baisse. Comme d’autres spécialistes, Yves Van Laethem reconnaît que les chiffres ne reflètent pas totalement la réalité tout en apportant une certaine nuance : " Le problème c’est de décider à partir de quel chiffre on décide. C’est une balance difficile à établir. De plus, on voit qu’il y a moins de tests aujourd’hui. On a plus ou moins 20.000 tests par jour. Cela n’a rien à voir avec les autres périodes. C’est aussi le témoin qu’il y a moins de maladies qui requièrent de faire des tests, ou qu’il y a moins d’obligations de le faire suite à un contact à haut risque. Donc, il est clair que les chiffres sont biaisés et qu’il y a des infections qui passent largement sous le radar. Mais comme ces infections conduisent de moins en moins les gens à l’hôpital, aux soins intensifs, comme les chiffres diminuent sans arrêt, et qu’on n’a pas un nouvel ennemi plus virulent à l’horizon, je pense qu’il faut à un moment se décider. "
Entre confiance dans les recommandations et la perception de l’utilité des masques
Pour Yves Van Laethem, l’immunité acquise grâce à la vaccination et par les vagues successives permet également d’envisager dans un futur proche de lever l’obligation du port du masque dans les transports en commun : " C’est un équilibre sur un fil avec un balancier entre des précautions nécessaires parce que c’est quand même un virus qui est plus sévère qu’un tas d’autres virus respiratoires. Mais pour l’instant au vu des dégâts du virus dans la population, qui ne sont pas nuls mais qui deviennent bien moins importants, je pense qu’il y a un moment où il faut savoir lâcher un peu la bride. D’autant plus que s’il faut réintroduire le port du masque plus tard, lever prochainement cette obligation permettra à la population de garder une certaine confiance dans les recommandations car, aujourd’hui, la perception de son utilité devient extrêmement évanescente pour le moment. "
Même s’ils appellent à une certaine prudence, les experts de la santé ne sont pas contraires à l’idée de lever l’obligation du port du masque dans les transports en commun. Il est fort probable que si les chiffres du baromètre continuent de diminuer de la sorte, le port du masque ne sera plus obligatoire dans les prochaines semaines. Cependant, il sera vivement recommandé aux personnes à risque.