Le samedi 27 février 2021, peu après 22h00, un drame se joue dans la cour d’une petite fermette située le long de la rue du Monument à Asquillies. Hugo Huys tire un coup de feu en direction de son fils, Logan Huys (29 ans). Ce dernier évite le coup, il riposte en portant de violents coups de pied dans la tête de son père. Hugo Huys meurt quelques heures plus tard à l’hôpital.
L’affaire a été plaidée lundi matin devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal du Hainaut, division de Mons, car le prévenu a bénéficié de l’excuse de provocation lors de la procédure devant la chambre du conseil et la chambre des mises en accusation.
Le ministère public, ne retient aucune circonstance atténuante et requiert une peine de cinq ans de prison ferme. Logan Huys est détenu préventivement sous surveillance électronique. Son avocat plaide un sursis probatoire.
Il mime la scène
Lundi, le jeune homme a raconté les faits devant ses trois juges, mimant la scène. Il confirme ses déclarations faites durant la procédure, mais il précise qu’il a d’abord porté quatre à six coups de pied, puis deux un peu plus tard sur une montée de colère.
Son père a eu la tête "explosée", remarque le président du tribunal, ce qui signifie une violence extrême. " Je ne me suis pas rendu compte de la violence avec laquelle je frappais mon père ", répond le prévenu, lequel dit n’avoir pas vu de sang. L’accusation remarque qu’il avait dit l’inverse au début de l’enquête.
Père pacifique, fils colérique
La famille ressort abasourdie de cette affaire, Hugo Huys est présenté comme un homme pacifique, baroudeur, artiste. "Quant à son fils, il est dépeint comme colérique, sanguin, alcoolique et toxicomane", indique Me Laura Danneau, avocate des parties civiles.
Selon Me Danneau, l’origine de la rixe est relative à l’héritage du grand-père agriculteur. "Logan, endetté, voulait de l’argent tout de suite et Hugo avait peur de son fils. Selon plusieurs témoins, il était tracassé, abattu".
Le jour du drame, Hugo était armé quand il s’est rendu chez son fils, ce qui a étonné ses proches "car personne ne l’a jamais vu avec une arme", poursuit l’avocate.
Un témoin change de version
Me Laura Danneau compare le crime à "un véritable acharnement", le prévenu déclarant, lors de sa première audition, qu’il avait shooté dans la tête de son père comme dans un ballon.
Un témoin a confirmé la violence de la scène, ajoutant que le fils insultait son père en le cognant. Toutefois, ce témoin a changé de version lors de l’enquête, " après avoir subi des pressions du prévenu ", s’insurge Me Danneau. Ainsi, il a été victime de faits de dégradations, ce qui l’a obligé à déménager.
Une dizaine de coups de pied
David Dufrasnes, représentant du parquet, rejoint la partie civile sur l’intention d’homicide. Selon eux, elle est clairement établie. Les coups ont été violents, nombreux, une dizaine au moins, portés dans une zone vitale, la tête, avec acharnement, le prévenu n’hésitant pas à revenir à la charge sur son père inconscient sur le sol.
"Le lien causal est bien établi par le rapport du médecin légiste. Le traumatisme cérébral sévère est la conséquence des coups", dit-il, ajoutant que le fils n’a jamais tenté de porter secours à son père.
L’accusateur ajoute que Logan Huys, "bien connu de la police et dont le profil est inquiétant", a accepté la possibilité de tuer son père en le frappant à la tête avec une telle violence. L’intention morale est donc établie, "et la prise de conscience est nulle chez lui". Logan Huys a été condamné cinq fois par le tribunal de police, pour rébellion et conduite en état d’ivresse.
La défense
Me Jean-Benoît Ronveau ignore pourquoi Hugo Huys s’est présenté chez son fils, en soirée, armé. Il écarte la question d’un héritage car, dit-il, le prévenu avait refusé une éventuelle donation suite à la mort de son grand-père, décédé le 5 décembre 2020.
Concernant l’intention d’homicide, le pénaliste remarque qu’une arme à feu était disponible. Dès lors, il considère que son client aurait pu l’utiliser alors que le prévenu répète qu’il n’a jamais voulu tuer son père.
Enfin, la défense pose les questions de la légitime défense et de la perte du libre arbitre, non retenues par d’autres juges professionnels lors de la procédure.
Le jugement sera prononcé lors de l’audience du 6 février.