Belgique

Trois autres détenus européens libérés d’Iran, grâce à la Belgique et toujours en "échange" d’Assadolah Assadi

Les trois anciens détenus photographiés avant leur décollage à Téhéran

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Par Thomas Gadisseux, Sébastien Georis, Laurent Van de Berg

L’opération "Blackstone", qui a permis de libérer Olivier Vandecasteele, connaît un nouveau rebondissement. Une seconde phase manifestement prévue dans le plan des autorités belges depuis le départ est en cours.

Trois Européens, deux prisonniers de double nationalité autrichienne et iranienne et un Danois, ont été libérés de leur prison iranienne et remis ce vendredi aux autorités belges qui les ramènent en Europe. Ils ont pu embarquer ce vendredi, à Téhéran, dans un avion omanais en direction de Mascate. Au sultanat d’Oman, ils effectueront des examens médicaux avant leur rapatriement vers Melsbroek à bord d’un avion médicalisé. Un de ces ex-prisonniers est atteint d’une maladie grave nécessitant une prise en charge urgente. Ils arriveront, probablement dans la nuit, sur le sol belge.

Cette seconde phase de l’opération a connu plusieurs soubresauts. Les autorités belges avaient espéré un retour plus précoce mais il a fallu plusieurs jours pour s’assurer que l’accord serait entièrement respecté. Ces délais, conséquences de plusieurs incertitudes et prises de précautions, ne sont pas anormaux dans ce type de négociations. Ce mercredi, un avion était prêt à décoller mais seuls deux prisonniers européens étaient présents. Selon des sources gouvernementales, les Belges n’ont pas voulu partir avant que les trois Européens ne soient rassemblés. Cela a pris plus de temps.

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Des libérations négociées en même temps que celle du Belge Olivier Vandecasteele

Les hommes de nationalité austro-iranienne étaient détenus respectivement depuis plus de 4 et 7 ans. Kamran Ghaderi, homme d’affaires irano-autrichien, avait été interpellé en janvier 2016 pour avoir travaillé avec des états hostiles à Téhéran. Massud Mossaheb, ressortissant autrichien d’origine iranienne, auquel on a diagnostiqué un cancer de la prostate. Arrêté à Téhéran en janvier 2019, alors qu’il accompagnait des scientifiques autrichiens. Accusé d’espionnage au profit d’Israël et de l’Allemagne, il a été condamné à dix ans de prison. Le troisième homme, de nationalité danoise, a été arrêté en novembre 2022 dans le contexte des rassemblements pour les droits des femmes à la suite de la mort de Mahsa Animi. L’ambassade danoise ne communique pas son identité.

Le ministre des Affaires étrangères autrichien, Alexander Schallenberg a, par contre, confirmé l’identité des deux autres ex-prisonniers. Il a remercié dans un message ses homologues belges, Hadja Lahbib et omanais Sayyid Badr Albusaidi pour leur soutien "Nous avons travaillé étroitement, discrètement et en toute confiance avec nos partenaires. Notre persévérance a payé. Cette journée est très émotionnelle pour nous tous".

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Les négociations entre la Belgique et l’Iran autour du rapatriement du diplomate iranien Assadolah Assadi, condamné en Belgique pour terrorisme, débouchent donc sur d’autres libérations. Cette seconde et dernière phase de l’opération a été négociée en même temps que la libération d’Olivier Vandecasteele. Il semble que la Belgique ait exigé davantage que la remise d’un seul otage en échange d’une personne condamnée en 2022 à 20 ans de prison. Nous apprenons par ailleurs que dès l’arrestation d’Olivier Vandecasteele, le Premier ministre autrichien Karl Nehammer a eu des contacts avec les autorités belges pour proposer une entraide dans la négociation.

Pourquoi avoir procédé en deux étapes dans le rapatriement des ressortissants européens ? Il est possible que cette manière de faire ait été exigée par les négociateurs iraniens. L’Iran pourrait ainsi se targuer d’avoir réalisé un échange "un contre un" (entre Olivier Vandecasteele et Assadolah Assadi), en faisant passer les libérations suivantes pour un geste humanitaire.

Oman de nouveau comme intermédiaire

Dans un communiqué, le Premier ministre belge "souhaite remercier les autorités d’Oman pour le rôle central joué lors de ces libérations". Une fois de plus en effet, le transfert passe par Oman. Le sultanat possède la confiance de la diplomatie occidentale et entretien des relations étroites avec l’Iran, qui aurait dès lors peu d’intérêt à ne pas respecter les accords passés via cet intermédiaire.

Le sultan Haitham bin Tarik bouclait ce début de semaine une visite officielle à Téhéran, saluant le "renforcement des liens d’amitié profondément enracinés entre les deux pays pour servir les intérêts communs des peuples omanais et iranien".

Quelques jours plus tôt, dans la foulée de la libération d’Olivier Vandecasteele, le sultan indiquait avoir reçu un appel téléphonique du Roi Philippe. Lors de cette discussion, "les solides relations bilatérales entre les deux pays amis" avaient été abordées, ainsi que "les moyens de les renforcer et de les développer dans tous les domaines".

Continuons le combat pour la libération des autres otages innocents à travers le monde

Dans une communication écrite à destination de la population belge diffusée hier jeudi, l’ex-détenu Olivier Vandecasteele invitait à continuer "le combat pour la libération des autres otages innocents à travers le monde".

Hier aussi, le gouvernement belge, pas la voix du ministre de la Justice, se disait prêt à œuvrer à la libération des otages européens toujours détenus dans les prisons iraniennes. "Cela ne s’arrête pas là pour nous. On estime que 25 Européens sont toujours innocemment emprisonnés en Iran. C’est 25 Oliviers Vandecasteele. Nous poursuivrons nos efforts, avec nos alliés européens, pour qu’ils soient également libérés", affirmait Vincent Van Quickenborne au parlement. La phase 2 de "Blackstone" était alors en cours, en toute discrétion afin de ne pas mettre l’opération en péril. Désormais, 22 citoyens européens sont toujours détenus en Iran.

Sur le même sujet :

Libération de trois autres détenus européens en Iran : le deuxième volet de l'opération "Black stone" (La Première 02/06/2023)

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