Depuis une quinzaine d’années, ses dessins marquent le monde de l’illustration. Auteur, entre autres, de Polina, Une sœur et Le Chemisier, Bastien Vivès revient avec un nouveau récit, très différent cette fois. Plus question de femmes ou d’intimité non. Dans Quatorze Juillet, Bastien Vivès et Martin Quenehen racontent l’histoire de Vincent et de sa fille partis de Paris après avoir perdu sa femme dans les attentats survenus sur la Promenade des Anglais en 2016 à Nice.
Figure emblématique de la bande dessinée contemporaine, Bastien Vivès a accepté de répondre à quelques questions avant d’entamer une séance de dédicace de plusieurs heures à la Foire du livre de Bruxelles. Il sera également présent dans l’émission spéciale de Sous Couverture ce vendredi à 22h45.
Plusieurs romans et autres récits ont déjà été écrits après les différents attentats. Quelle utilité d’en parler une nouvelle fois plusieurs années après ?
Bastien Vivès : "On se pose la même question à la fin du bouquin. Qui a envie d’avoir un livre comme celui-ci dans son salon ? Qui a envie de se replonger là-dedans ? Charlie Hebdo a été tellement traumatisant et cueilli à froid qu’on ne se rend pas forcément compte de toutes les répercussions que cet évènement a eues depuis. Est-ce que ça a mis en lumière la montée de la haine ? De quelle haine parle-t-on ? Une haine symptomatique portée par des mouvements identitaires ? Il n’y a plus vraiment de discussions. Tout le monde reste campé sur ses positions. Je suis intimement convaincu que les frères Kouachi ont gagné. Ils ont inséré dans la tête des gens qu’on n’avait pas le droit de tout dire, de tout représenter. La liberté d’expression est sans cesse questionnée et cela se ressent dans les rapports humains."