Tsar B, nouvelle reine baroque présente “To the stars”

Le clip "Underwater"est coproduit par l’excellent Cheb Runner :

L’interlude d’ouverture de "To the stars" marque le point de départ de son éducation classique vers son statut d’abstractionniste en herbe de la pop. C’est une reprise pour cordes de "gonna hold you in my arms" où Tsar B cite les mots "lascia ch’io pianga" ("laisse-moi pleurer") de l’opéra Rinaldo de George Frideric Handel.

"D’une certaine manière, je retourne donc à mes racines classiques, les larmes aux yeux. J’avais l’habitude de chanter cette chanson quand j’avais quatorze ans. Maintenant que j’ai le double de cet âge, ces mots ont tellement plus de poids ".

Véritable ode au rassemblement et à la culture techno, celle d’être ensemble, dans la dépense, dans l’excès, le titre "Don’t wanna lose nobody" offre une magnifique ambivalence au sein de l’album. Sorte d’interlude ou de scissure, elle positionne les autres titres dans l’univers musical de la tsarine.

Pour les fans d’électro pop rétro et de l’ambiance 80’s, "Auwtch" plaira à coup sûr. Lente chevauchée narrative, cette chanson donne une voix unique et trop rare à l’instrumental de la musique classique.

A propos de sa sensibilité et de la puissance des émotions qui l’animent, elle raconte : "Je sens que c’est à la fois ma malédiction et ma bénédiction de trop ressentir". Elle poursuit : "Parfois, cela peut se rassembler d’une manière si intense. C’est pourquoi cet album n’est pas défini comme 'heureux' ou 'en colère'. Il souligne l’amour dans tout, ou peut-être une agression qui ne vient pas de la malice. C’est ce sentiment entre la sauvagerie et l’agressivité sans être maléfique. Je suis parfois tellement brisé par l’existence, tellement fatigué, simplement parce que j’ai tellement ressenti. Donc si tu brises quelque chose, tu peux tout sortir. Tu ne détruis pas vraiment ton instrument préféré, tu l’honores."

A l’image de cet état abrasif, usant et incandescent, le live de "Flesh & Bones" tourné au Peristilium de Gand il y a trois ans, offre une superbe grille de lecture. Tout feu, tout flamme, Borgeus alterne entre mouvements et jeu d’instruments, ce qui symbolise les rencontres et influences qui la façonnent depuis quelques années. Tantôt happée par son instrument, tantôt s’exprimant à travers son corps, elle donne sans compter pour délivrer sa teinte musicale.

Une performance intense et bluffante, qui donne envie de la voir à l’AB dans le cadre du Listen Festival le 1er avril, et au Festival de Dour le jeudi 13 juillet.

Tsar est résolument une artiste sans concession et dont la musique offre une énergie honnête et caractérielle et esthétique. "To the stars" est à la fois réussi et abouti, un album qui lui ouvrira peut-être une voie astrale.

L’album est à découvrir (entre autres) ICI.