Selon le ministère tunisien de l'Intérieur, le gendarme auteur des tirs a d'abord tué l'un des ses collègues par balle sur le port de Djerba et s'est emparé de son arme et ses munitions. Il s'est ensuite rendu aux abords de la synagogue, distante d'une quinzaine de kilomètres, où il a ouvert le feu sur les forces de l'ordre qui assuraient la sécurité du lieu, avant d'être abattu.
Deux fidèles, un Tunisien et un Franco-tunisien ont été tués par les tirs de l'assaillant, et quatre autres ont été blessés et évacués vers un hôpital, selon les autorités.
Six gendarmes ont également été blessés par les tirs de l'assaillant. L'un d'eux a succombé à ses blessures mardi soir, selon le ministère de l'Intérieur.
"Cousins"
Selon l'ancien ministre tunisien du Tourisme, René Trabelsi, une figure de la communauté juive tunisienne présent dans la synagogue au moment de l'attaque, les fidèles tués sont deux cousins: Aviel Haddad, un juif tunisien de 30 ans, et Benjamin Haddad, 42 ans, qui résidait en France et se trouvait à Djerba pour participer au pèlerinage.
Dans une interview à la radio Mosaïque FM, il a indiqué que "sans l'intervention rapide des forces de sécurité, un carnage aurait eu lieu car des centaines de visiteurs se trouvaient sur les lieux".
Selon M. Trabelsi, l'assaillant portait son uniforme de gendarme et un gilet pare-balles.
La France a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" cette attaque la qualifiant d'acte "odieux", selon la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Les Etats-Unis ont également condamné l'attaque. "Nous exprimons nos condoléances au peuple tunisien et saluons l'action rapide des forces de sécurité tunisiennes", a réagi sur Twitter Matthew Miller, le porte-parole du département d'Etat.
Selon les organisateurs, plus de 5.000 pèlerins juifs, essentiellement venus de l'étranger, ont participé cette année au pèlerinage de la Ghriba qui a repris l'année dernière après deux ans d'interruption en raison de la pandémie de Covid-19.
Traditions
Organisé au 33e jour de la Pâque juive, le pèlerinage de la Ghriba est au coeur des traditions des Tunisiens de confession juive, qui ne sont plus que 1.500, majoritairement installés à Djerba, contre 100.000 avant l'indépendance en 1956.
Des pèlerins viennent aussi traditionnellement de pays européens, des Etats-Unis ou encore d'Israël, mais leur nombre a considérablement diminué après l'attentat de 2002.
L'attaque survient au moment où le tourisme enregistre une forte reprise en Tunisie après un net ralentissement pendant la pandémie. Ce secteur clef pour l'économie avait été gravement affecté après les attentats de 2015 contre le musée du Bardo à Tunis et un hôtel de la station balnéaire de Sousse, dont le bilan s'était élevé à 60 morts dont 59 touristes étrangers.